L'histoire :
Dans un avenir très proche, des désastres climatiques se mêlent à l’éclatement d’une guerre civile aux USA, contre les outrances du capitalisme. Dans ce contexte de chaos dépassé, une jeune femme décide de fuir le monde urbain décadent et de retourner à la nature. Munie d’un sac à dos, d’un bâton de marche et de quelques jours de vivres, elle prend la direction des montagnes rocheuses au nord, vers le Canada. Un camionneur la prend en stop et la dépose au pied d’un gigantesque domaine sauvage, au rythme duquel elle est bien décidée de se fondre. Seule, peut-être à tout jamais, elle profite de son périple pédestre pour ressasser ses souvenirs. Souvenirs de ses parents, de son dernier amant, Ethan, mort sous les balles de la répression policière… Dans ce contexte, son divorce d’avec la civilisation est parfaitement mûri. En outre, elle sait se débrouiller dans la nature. Elle sait faire un feu, poser des collets pour attraper des lapins, récupérer de l’eau potable… Son objectif : rejoindre les rebels, dans le Yukon, loin des fachos et de la police fédérale. Elle traverse ainsi des paysages magnifiques, croise des chevreuils et communie avec la nature. Certes, quelques rencontres malencontreuses avec des déchets humains de l’ancien monde se mettent encore sur sa route. Mais la pleine maîtrise de sa décision lui accorde la force de surmonter ces épreuves…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a plus de 10 ans, l’italien Tom Tirabosco s’alliait à Pierre Wazem pour réaliser La fin du monde. Un récit onirique qui trouve comme un écho et un second souffle à travers cette Femme sauvage, qui est cependant une histoire indépendante. On peut en effet inscrire ce retour à la nature quelque part entre La route (le roman de Cormac McCarthy) pour son contexte post-apocalyptique et sa forme de road-trip, et le film Into the wild, pour la dimension écologique et survivaliste. Comme dans le film de Sean Penn, une héroïne sans nom décide d’abandonner la civilisation humaine, jugée trop pervertie, indécrottablement égoïste et mauvaise, un abandon définitif et sans concession. Cette aventure se raconte à 100% via la voix off de ses pensées en encadrés narratifs, ce qui permet aussi à l’auteur de faire des parenthèses en flashback, au gré des souvenirs de la jeune femme. On comprend ainsi mieux le contexte qui a abouti à cette décision radicale et sa personnalité, son idéal de vie. Evidemment, il se passe un peu plus de choses que ce qu’on en raconte ici (mais on ne va pas trop spoiler) et notamment une rencontre qui donnera son plein sens au titre et étendra l’aventure plusieurs années après son entame. La technique de dessin en noir et blanc, charbonneux, entièrement réalisé à l’aide de crayons gras et de craies, est parfaitement maîtrisée. Elle marque la griffe de Tirabosco et participe pleinement de la tonalité rustique du récit.
