L'histoire :
Jonathan débarque, un matin, de Marseille, sur le port de Brest, pour y prendre un poste de lieutenant sur la Bourdon, un remorqueur dont la réputation a traversé le pays. Cette unité de sauvetage en mer s'est illustrée par de spectaculaires interventions pour éviter le naufrage de navires et cargos dans les eaux proches du port breton. Lorsqu'il met le pied à bord, l'accueil qu'il reçoit donne le ton de la perception qu'a l'équipage d'un gradé qui débarque de nulle part. Le bosco, homme clé à bord, lui exprime frontalement tout le mépris qu'il a pour les marins qui n'ont pas sa compétence technique. Le célèbre commandant Bulros lui témoigne une belle politesse qui n'engage à rien. Très vite, la vie à bord retrouve son rythme, avec ses prises de quart, ses repas au cours desquels les personnalités s'affirment, dans l'attente de la prochaine mission de sauvetage. Il sa passe des jours avant que le premier mayday donne l'occasion à l'équipage de préparer une nouvelle intervention. Des milliers de tonnes de gaz liquéfié à la dérive, que la Bourdon va pouvoir remettre en sécurité. Mais en arrivant à proximité du navire norvégien, le commandant repère un remorqueur anglais qui est déjà sur zone. En mer aussi, la concurrence fait rage, et une première phase de discussion s'engage.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est un sujet vraiment inédit que Clément Belin et Costès ont choisi de partager, à travers ce carnet de bord très authentique qui donne une vision instructive de la vie sur un bateau, au cœur d'un équipage de professionnels. On apprend beaucoup de choses sur les relations qui se tissent entre ces hommes, forcément pas toujours simples, et qui finalement représentent assez bien une sorte de condensé de la société et de ses tensions sociales. La lenteur est présente sans être ennuyeuse, lorsque les hommes attendent leur prochaine mission, en discutant à bord ou en buvant un verre en escale. Le récit est truffé de termes techniques – le guindeau, le chaumard et bien d'autres – qui sont malheureusement regroupés en fin d'album, ce qui transforme la lecture en exercice d'aller-retours un peu laborieux et totalement anti-immersif. L'idéal est de se laisser porter par les flots et de rester dans l'ignorance de ce que signifie « capeler sur bitte ». Clément Belin réussit de très belles pages en mer qui constituent le point fort de l'album. Sa capacité à nous faire ressentir la force des vagues ou l'impression massive à l'approche d'un cargo à secourir est étonnante. Pour son premier scénario, Costès évite les écueils (sic) d'un récit trop bavard et réussit à nous surprendre par la tournure que prend finalement le travail des marins de la Bourdon.