L'histoire :
Le 14 Février 1989, la fatwa radicale est prononcée à l’égard de Salman Rushdie, auteur des Versets Sataniques. Le 7 Mai 2017, Emmanuel Macron devient à 39 ans le 8ème président de la Vème République. Entre ces deux faits, 28 autres évènements, 28 dates qui ont fait l’actualité et qui vaincront le temps. Au total donc : 30 moments clés mis en planches et en couleurs par 40 auteurs de bandes-dessinées. On suffoque dans un mirador du Mur de Berlin le soir du 9 Novembre 1989 ou dans une cave de Sarajevo le 5 Février 1994. On revit la victoire de l’équipe de France un certain soir de Juillet 1998 et celle d’Obama 10 ans plus tard. On exulte du destin de certains : Aubenas, Betancourt, Modiano, Fontenoy... On s’émeut pour celui d’autres : Zyed et Bouna, Lady di, Mitterrand... Et puis on se rappelle surtout que ce sont souvent les anonymes qui sont tristement au cœur de l’actualité : au Rwanda en 1994, au Kosovo pendant l’exil, à Fukushima, au Bataclan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous l’aurez compris, nous avons affaire ici à une BD « fleuve » qui oscille entre véritables travaux journalistiques proches du reportage, des points de vue scénarisés type docu-fictions et des moments plus humoristiques, voire caustiques. Dès lors, il est assez difficile de donner un avis global sur l’ouvrage, tant les styles se confrontent et les sentiments se confondent. On notera tout de même de belles fulgurances scénaristiques comme la libération de Mandela vue par l’excellent Kris ou la très émouvante histoire familiale autour du séisme de Sumatra en 2004, par Simon Hureau. Pour ce qui est du dessin, on soulignera le travail d’orfèvre d’Emmanuel Lepage pour illustrer son enquête dantesque dans « les plaies de Fukushima » et, dans un autre style, le crayonné toujours efficace de Blutch qui revoit de manière très allégorique le drame du pont de l’Alma à travers les pensées de Sissi ! Et puisque un tel recueil amène quasi inévitablement son (petit) lot de déceptions, on regrettera le récit très en-dessous de Jean-Claude Denis à propos de LA finale de 98 ; ou celui du couple Dupuy/Berberian qui a déjà été franchement plus inspiré. En bref, France Info nous offre tout de même là un bien bel objet où la subjectivité et l’émotion des artistes complètent l’objectivité inhérente au journalisme. Et puis ne gâchons pas notre plaisir de constater qu’un grand média fasse la part-belle au 9ème art. Démarche malheureusement bien trop rare.