L'histoire :
Ciro est le tueur aux Gauloises. Il tue de sang-froid sans remord, laissant derrière lui l’odeur pesante de ses cigarettes favorites. Il est un homme qui n’a pas eu d’enfance. D’ailleurs, son grand-père lui répétait qu’il était né vieux. Fils de marin vivant dans la ville de Naples, Ciro grandit dans le sillage de la mafia. Il avait commencé tout gosse en effectuant quelques livraisons pour aider sa mère, en attendant que le père revienne au port avec la paie. Puis des livraisons, il exécuta son premier contrat. Qui se méfie d’un gosse ? Il se souvient encore de sa victime, un homme bien portant engouffrant une bonne fourchette de spaghetti. Ce dernier lui avait demandé pourquoi il ne parlait pas et si le chat lui avait mangé la langue. Il ne put rire que quelques secondes à sa blague ridicule avant de prendre une balle dans le crâne par un jeune minot des rues de Naples. La mère de Ciro lui offrait une pénible routine sur son père et sa vie de marin couchant et découchant au gré des femmes rencontrées dans les ports. Elle ne sentit rien ni ne se demanda si quelqu’un allait pleurer pour elle lorsqu’il alluma le gaz de la cuisinière avant de la quitter. Exécutant les missions selon le souhait de ses patrons ou de son propre chef, il fallait bien tomber un jour sur un os de taille...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gauloises est un récit singulier autour de la mafia en Italie dans les années 50. Cependant, les auteurs se focalisent sur deux profils particuliers et opposés. Le récit est découpé en différentes parties afin de décrire de façon très complète chacun des personnages. Le scénario n’est pas un pamphlet contre la mafia mais bien une rencontre entre deux figures particulières. C’est effectivement l’homme plus que l’organisation qui est mis en lumière. D’ailleurs, l’aspect psychologique des personnages est très présent et longuement développé au travers des planches. Igort, le scénariste, ayant réalisé entre autres les cahiers ukrainiens, russes et japonais, livre un récit ambivalent contrastant entre la noirceur des crimes commis et la lenteur de la narration. Effectivement, le récit se consume lentement à l’instar d’une cigarette Gauloises distillant une odeur forte et une fumée désagréablement toxique. Au niveau du dessin, Serio, comme à son habitude, use de nombreuses techniques graphiques et en particulier le pastel. Le rendu est très beau, équilibrant le récit, mais accentuant le sentiment de lenteur en illustrant des points de vues fixes, sans action. Les auteurs réussissent parfaitement à harmoniser le récit et l’univers graphique de l’album pour mettre en lumière une histoire de vie(s).