L'histoire :
Thomas Hale, est un « petit » chercheur en génétique, au sein du grand laboratoire pharmaceutique international Genetiks. Comme les milliers se salariés du groupe, il a consenti à son arrivée à donner une goutte de son sang… et se retrouve aujourd’hui le premier homme dont le patrimoine génétique a été intégralement décodé ! Or, d’un point de vue juridique, cette découverte est copyright Genetiks et le corps de Thomas appartient dès lors à la multinationale. Un peu naïf, il accepte au début d’endosser ce nouveau statut, entre cobaye et star, mais il se rend compte qu’il ne décide plus rien sur sa vie. Il suppute également que l’objectif de Genetiks dépasse le cadre du décodage génétique humain, pour s’attaquer à une découverte autrement plus ambitieuse : l’immortalité ! A la tête de Genetiks, Andreas Martin manipule en effet ses actionnaires et semble être le seul à embrasser la toute-puissance à venir de son programme « Anqâ » (phœnix). Surveillé par des hommes en noir, traqué même parfois, Thomas se met à avoir des maux de tête, des malaises, des hallucinations… Que lui arrive t-il ? Il finit par faire dissidence en rejoignant les plus virulents des ennemis de Genetiks, un groupe d’activistes composé d’intellectuels, de scientifiques et d’artistes, emmenés par la belle Alice, dont il est tombé amoureux. Avec ses nouveaux alliés, il se réfugie dans un bunker high-tech sur une île rocheuse. Tandis que la résistance s’organise, l’île est attaquée. Au cours d’une bataille particulièrement violente, son amie Anne est tuée et lui perd un bras. Mais le groupe survit, s’échappe et se planque cette fois dans un chalet de haute montagne. Thomas récupère peu à peu, animé d’un sentiment de vengeance…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la démarche de brouiller les pistes, le scénariste Richard Marazano n’hésite pas dans ce second tome à faire dans le grand-guignolesque ou la série B, par certains aspects (le bunker high-tech… l’entrainement au tir…), suivant des développements parfois décousus, voire redondants. D’un autre côté, le choix de ces multiples pistes narratives semble être parfaitement assumé et cela permet de poser des tonnes de questions essentielles et éthiques sur le potentiel des découvertes génétiques. En effet, que ferait l’humanité de l’immortalité ? Comment accorder en symbiose nos libertés individuelles et la technicité de nos corps ? Le malaise qui s’émane de ce propos est renforcé par la technique graphique de Jean-Michel Ponzio, singulièrement réaliste puisque composée de photos recomposées et partiellement redessinées. Le rendu est inégal : tantôt patchwork, tantôt des postures figées excessive, tantôt des séquences plus « dessinées » franchement réussies (de plus en plus, d’ailleurs), avec toujours ce sentiment de roman photo sous-jacent… Par exemple, à chaque chapitre (3 fois 32 planches dans cet opus), apparait désormais Andreas Martin (sosie de… Richard Marazano !), délivrant toujours son discours mégalomane dans des postures méphistophéliques… Thomas, le héros lui-même, véhicule nombre de sentiments contradictoires et un brin agaçants, tantôt révolté, tantôt soumis. Rêve t-il ? Appartient-il à des réalités parallèles, comme dans Matrix ? A lui seul, il est une métaphore de l’ambivalente quête de compréhension humaine, pointant du doigt sans trancher les limites éthiques aux progrès scientifiques. Par ces aspects, le thriller d’anticipation de Marazano s’avère éminemment intéressant… et il n’a pas fini de nous surprendre, à en croire la mystérieuse séquence d’ouverture et de conclusion de chaque chapitre.