L'histoire de la série :
De nos jours, pour d’obscures raisons politiques, la France implose en de multiples factions régionalistes. Une guerre civile éclate, mettant le pays à feu et à sang. Les auteurs de cette histoire sont eux-mêmes plongés dans l’horreur quotidienne. Obligés d’affronter 1000 questions de survie, ils prennent conscience qu’ils ne se connaissaient peut-être pas si bien que ça…
L'histoire :
Pour d’obscurs motifs régionalistes, la France, notre bonne vieille France d’aujourd’hui, a sombré dans une intense guerre civile. Jean-David Morvan et Sylvain Ricard, tous deux scénaristes de bande-dessinée, tentent de rejoindre leur pote Christophe Gaultier, lui-même dessinateur de bande-dessinée, dans la Drôme. Leur ville de résidence, Reims, est en effet en pleine de zone de combat, tandis que la région de Christophe est encore partiellement épargnée. Ils sont accompagnés par Frédérique, compagne de Jean-David, et par Kyoshi, un éditeur japonais qui est tombé par hasard dans ce contexte politique désastreux. Chemin faisant, sur une autoroute du soleil incroyablement déserte, ils s’engueulent violemment. Dans un réflexe malheureux, Jean-David vient en effet d’écraser un jeune et il n’a jamais été préparé à affronter une telle culpabilité. Dans cette ambiance de stress total, ils pensent néanmoins à la logistique : il est temps de faire halte dans une station service. L’aire qu’ils choisissent semble également abandonnée, en dépit des véhicules qui encombrent les pompes. Ils s’emploient alors à dégager la place pour faire le plein, lorsqu’ils entendent le hurlement de Kyoshi. Le japonais vient de tomber sur un charnier humain. Cette découverte lui fait perdre les pédales : il se rue au volant de leur voiture et prend la fuite, paniqué, en solo, sur l’autoroute. Les trois amis empruntent aussitôt un autre véhicule pour le rattraper, la peur au ventre de croiser les responsables du charnier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Astucieusement, cette série nous plonge au cœur d’une situation de guerre civile française particulièrement meurtrière. L’objectif n’est pas d’en relater les causes et les conséquences à grande échelle, en une fiction politique, mais d’en conjecturer nos comportements individuels, en une étude sociale uchronique. En gros, quels hommes et femmes serions-nous en temps de guerre ? Rappelons que pour illustrer ce sujet intéressant, les auteurs ont accepté de servir de cobaye en se mettant eux-mêmes en scène, avec leurs caractères et leurs milieux de vie quotidiens. Ce point particulier est toujours aussi jouissif : on se met à se demander si Morvan est effectivement le collectionneur compulsif qu’il auto-décrit… ou si Ricard est vraiment râleur et chancre de la mauvaise foi… Dans une première partie (la route vers chez Christophe), ce second épisode se centre plus que jamais sur le stress généré par une telle situation de crise : Sylvain et Jean-David s’engueulent violemment, Kyoshi panique, Frédérique hystérise. Dans une seconde partie, nos auteurs réunis affrontent le fan ultime (et carabiné !), celui qui est prêt à tuer parce que sa dédicace n’est pas à la hauteur de ses espérances… A priori, il y a derrière cet épisode un désir de régler un compte avec les comportements extrêmes des fans, mais aussi avec le syndrome narcissique éprouvé par les auteurs (faut-il être ravi ou déçu de ne pas être harcelé ?). Eut égard au savoir-faire et à la fluidité narrative du quatuor aux manettes de la série (avec Marie Galopin à la colorisation, sobre), les 96 planches de ce nouvel opus (soit 3x32, pour coller à l’ancien format) sont habiles, totalement prenantes sans être pourtant spectaculaires. Cerise sur le gâteau : le cliffhanger (que nous tairons) nous abandonne perplexe dans un suspens culotté et jubilatoire !