L'histoire :
Grosse et moche, Ella est une simple ramoneuse de cheminées passionnée de feuilletons TV à l’eau de rose. Licenciée du jour au lendemain, elle crut bien mourir le jour où son téléviseur refusa de s’allumer. Mais c’était pour entendre la voie d’une bonne fée qui la transforme immédiatement en bimbo glamour et sexy à forte poitrine. Ella est devenue « Passionella ». Folle de joie, Passionella est parée à imposer son sex-appeal au star-system. Il y a pourtant un hic : elle ne peut-être Passionella que durant les heures de jour : la nuit, elle redevient Ella, ramoneuse de cheminée…
Harold Swerg est un homme surprenant : en dépit de sa petite taille, il peut taper dans une balle de base-ball plus fort que n’importe qui, shooter dans un ballon de football américain en l’envoyant plus loin que n’importe qui et courir plus vite que n’importe qui. Mais… il refuse catégoriquement de participer aux jeux olympiques pour le compte de son pays ! Ce qui l’intéresse, c’est le classement des papelards. Il s’agit tout de même d’une question d’orgueil national : faire la nique au concurrent direct, la Russie ! La presse, les magnats du sport, le Président de la république lui-même tentent de le convaincre : que nenni. Et puis soudain, alors que plus personne ne l’attendait, il accepte ! Oui, mais Harold Swerg a une petite idée derrière la tête…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quasiment inconnu en France, sauf de quelques initiés, Jules Feiffer est pourtant un auteur majeur de comics outre atlantique. Ancien collaborateur de Will Eisner (eh oui, quand même), il a scénarisé de nombreux Spirit pour le maître et a aussi beaucoup dessiné de strips pour la presse. Je ne suis pas n’importe qui, titre de ce recueil de 6 histoires publiées aujourd’hui par Futuropolis – et traduites par sieur François Cavanna himself – propose donc d’illustrer le contenu et son auteur ! Ces histoires datant des années 50 et 60, prennent la forme de contes, philosophiques et modernes, aux chutes jubilatoires. Il y est question d’une cendrillon moderne (cf. ci-dessus, l’histoire de Passionnella), de cet homme qui refusait d’être plus fort que tous (cf. ci-dessus, Harold Swerg), de celui qui vivait bien trop seul sur la lune (La lune de George), de celui qui ne supportait plus son rapport aux autres (La machine solitaire), d’un enfant de 4 ans envoyé par erreur à la guerre (Munro), et d’une courte et poétique illustration de la vie à deux (La relation). Le dessin spontané, rapidement jeté, en noir et blanc, est certes minimaliste, loin du raffinement de son mentor... Il suffit néanmoins à aborder intelligemment le thème récurrent de la place de l’homme dans la société. De quoi faire réfléchir, légèrement mais sûrement !