L'histoire :
Kristina est couronnée roi de Suède, à la suite de son père. Pour cette cérémonie de couronnement, elle a dû revêtir une robe d'apparat, qui représente tout ce qu'elle ne supporte pas. Elle se sent déguisée, elle trouve cela inhumain. Elle reprend ensuite son quotidien et s'en va chasser dans la neige. Elle entend une voix l'interpeller, elle se retourne et découvre Karl Gustav, son cousin. Celui-ci l'empoigne, se jette sur elle et les fait rouler dans la neige. Il tente de la violer. A cet instant, deux hommes proches de Kristina observent la scène, mais n'interviennent pas. Kristina est folle de rage : contre son cousin et son attitude obscène, contre le chancelier et Johan qui n'ont pas daigné intervenir. Lorsqu'elle les rappelle à l'ordre, Karl Gustav implore un coup de vent qui l'a fait vaciller, tout en avouant ses sentiments à sa cousine. Et les deux hommes trouvent comme excuse que le vent hurlait trop fort, et que la neige faisait écran. Kristina s'indigne et rappelle qu'elle ne veut pas de prétendant, qu'elle refuse le mariage, qu'elle veut conserver sa liberté et son libre-arbitre ! Elle connaît sa valeur, et refuse « qu'un homme puisse user d'elle comme un paysan laboure son champ ». Elle rejette en bloc toute idée de maternité et poursuit d'autres objectifs. Ceux de la culture, de la lutte contre l'illettrisme : elle veut faire de la Suède, son pays, le plus sophistiqué du monde. Elle veut se consacrer à l'éducation, à la philosophie, elle veut élever son esprit et ira à l'encontre de tous les protocoles que l'on voudrait qu'elle suive.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La reine Christine a réellement existé, possédant le titre de « roi » de Suède dès le 20 décembre 1650. Cette femme a vécu une vie riche, avant-gardiste, qui remettait en cause un certain nombre de concepts sociétaux, et elle a vécu tiraillée. Balançant entre féminin et masculin, entre philosophie et religion, entre ses sentiments pour une femme et la volonté du peuple qu'elle ait un héritier au trône. Femme complexe et affirmée, cela se voit sur la couverture de la bande dessinée. Flore Balthazar (Miss Annie, Les louves) et Jean-Luc Cornette adaptent la pièce de théâtre de Michel-Marc Bouchard, au format bande dessinée. Nous découvrons toute la modernité et l'engagement de cette femme, incroyable roi de Suède, qui a vécu dans la violence, de son enfance jusqu'à la fin de sa vie. Amours incompris et écourtés, violences familiales qui ont entraîné des douleurs à l'épaule, « obligations » royales et pression sociale. Cette féministe a toujours su s'affirmer face aux autres, face aux hommes. Elle a pu montrer qu'une femme pouvait et devait être indépendante et prendre ses propres décisions. Qu'elle pouvait être cultivée et s'intéresser aux sciences, notamment. Longtemps proche de Descartes, elle façonnera sa pensée à ses côtés. Ce destin hors du commun et fascinant est mis en images avec un trait traditionnel qui s'associe parfaitement au récit, nous permettant de découvrir une Kristina qui ne se laisse pas faire.