L'histoire :
La vie se termine souvent ainsi : une senteur de bougies, des fleurs et une musique de chambre. Lorsqu’un proche quitte la scène, plus rien ne sera comme avant. Les larmes viennent d’elles-mêmes chez certains, arrachées chez d’autres ; les yeux d’autres encore restent secs. Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que tu partes si tôt ? Comment rira-t-on à présent ? Quand recommencera-t-on à rire franchement ? L’un de tes sketchs débutait ainsi : « le monde marche sur la tête ! ». Faut croire, oui. Tu enchaînais derrière par un festival d’ampoules et de lampes et emportais la salle avec toi. A l’émission de l’autre con, Jean-Bernard ou Jean Robert (J-B quoi), tu l’as affiché tout net te taillant la part du lion d’une émission télé qui devait te descendre. Oui, tu étais fort, Brice, très fort dans ton domaine. Brice Forrestier taillait la route un peu partout en France, se donnant sans compter à son public. Ton sketch l’Accablante apathie des dimanches à Rosbif donnait son titre à ton DVD. Et puis tu savais tout des femmes, révélant fièrement à ceux venus t’applaudir leur « grand secret » ! Séducteur, comique et philosophe, Brice Forrestier était un quarantenaire heureux. Jusqu’à cette choucroute d’Angoulême mal digérée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est bien connu : rien n’est moins aisé que de faire rire. C’est pourtant l’histoire d’un humoriste que Gilles Larher (dont, soulignons-le, c’est ici le premier scénario BD) et Sébastien Vassant ont choisi de nous conter. Une histoire poilante, jubilatoire par bien des aspects et néanmoins poignante, tragique. Où Larher a-t-il trouvé ces monologues étonnants qui n’ont à rougir de rien et ne tombent jamais dans la facilité ? Toujours est-il qu’ils ont sans doute mûris savamment et les répliques font toutes mouche, au plus juste du sentiment à partager. Volubile ? Oui, l’album l’est. 250 planches tout de même. A l’instar d’un trait libre et disserte, la narration est bavarde. Mais c’est là tout le propos. Pariez que vous ne manquerez pas une vignette tant chacune est savoureuse. Et puis, lorsqu’il faut être économe de « bons » mots pour faire place à l’émotion, le titre sait se taire. 250 planches. Copieux donc. Conseil de lecture : sachez marquer une (voire des) pause<(s), histoire de digérer mieux que notre héros, cette « choucroute d’Angoulême ». Vous n’entacherez en rien votre plaisir et y reviendrez en fait l’esprit plein d’envie. Sinon, on balaie en un tome l’essentiel de ce qui meuble une vie d’homme. La vie, la mort, l’amour, la passion, l’amitié, joies et peines, rires et douleurs (…). Cette oraison funèbre est de fait une ode au bonheur. Un récit qui nous retourne toujours dans le « bon » sens, vers l’avant, même le plus inattendu. Voilà les éditions Futuropolis qui nous régalent, encore (!), d’un one-shot comme elles seules savent le faire. Fort. Très fort. Des Dimanches « apathiques » comme celui-ci, on en vivrait/lirait, tous les jours...