L'histoire :
Une famille bourgeoise décide d'inviter un SDF qui squattait sur le trottoir un soir de réveillon. Etienne Davodeau a publié ce premier récit court en 1999, dans le cadre d'un ouvrage collectif sur le passage à l'an 2000. Puis l'histoire de deux inconnus au volant de leur voiture, ou le reportage embarqué dans l'organisation d'un contre-sommet au G8 de 2003. L'histoire d'un patineur sombre et solitaire qui cherche les regards du public, ou la rencontre improbable avec un pêcheur japonais, sur une île au bout du monde. Etienne Davodeau a publié de nombreuses histoires courtes en parallèle de son travail sur des albums complets. Ils sont regroupés ici dans un recueil de plus de 100 pages. L'auteur en profite pour publier les échanges qu'il a eus avec son éditeur autour de chacun de ces souvenirs, Claude Gendrot y apporte un regard passionné et subtil sur le travail d'un grand nom de la BD actuelle. On comprend le rôle d'un éditeur pour tout à la fois encourager et parfois questionner son poulain. On découvre aussi à quel point l'œuvre d'Etienne Davodeau montre une grande cohérence, à la fois littéraire et graphique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En lisant, dans ce recueil d'histoires courtes, avant chaque récit, les dialogues échangés entre Etienne Davodeau et son éditeur, on vit une expérience passionnante. On est forcés de s'arrêter après chaque lecture, pour retrouver les deux hommes qui plongent à nouveau dans l'époque, ou reparlent du contenu des prochaines pages. Le rythme ralenti permet d'apprécier vraiment ce que l'on vient de vivre, et jamais Claude Gendrot ne gâche le plaisir de la découverte des pages qui suivent. Il les enrichit de sa connaissance profonde de l'univers artistique de son auteur, il se montre un fan absolu aussi bien qu'un lecteur exigeant. Toutes les petites histoires n'ont pas la même profondeur ni la même dimension poétique, mais le style de Davodeau se retrouve, avec une cohérence étonnante qui traverse les années. Certaines pages qui mettent en scène la nature ou les éléments sont de toute beauté, d'une finesse absolue et d'une fausse simplicité confondante. L'auteur explique avec modestie comment il tente de construire son style, et les propos des deux hommes sont remarquablement éclairants. Sans en faire des tonnes, de manière bien plus subtile qu'une préface élogieuse, l'éditeur prend part de manière très intelligente à la mise en avant d'un artiste important. Et on a envie, en refermant ce livre, de relire tout Davodeau !