L'histoire :
Robinson a passé la nuit avec Amandine, qu’il a rencontrée sur Pechounkeum.com. Ils se quittent comme s’il ne s’était rien passé entre eux. Robinson traverse le pont des Arts où un couple de touristes américains scelle leur amour avec un fameux cadenas. Face à tant de mièvrerie, il ne peut s’empêcher de leur remettre les idées en place. Robinson continue son bonhomme de chemin et croise son ex, Léa, qui vient prendre des affaires dans leur appartement. Il lui file les clés et passe prendre son petit déj’ dans un café, avant de rejoindre sa boutique Alamo. Robinson vend des DVD. Il a un employé qui lui apprend qu’un jeune mec de 20 ans a demandé à le voir, à l’ouverture de la boutique. Il repassera plus tard. Mais il a le temps de s’occuper. Son père vient de débarquer. Il s’est fait jeter dehors par sa mère. Robinson l’invite à déjeuner pour parler de tout ça. Pendant ce temps-là, Samia, la copine de Mano, passe à la boutique. Elle demande à Mano s’il a parlé à Robinson au sujet de sa démission. Par le plus grand des hasards, Amandine croise Charlotte, une vieille copine, qui revient de Patagonie. Johannes, le mec de Charlotte est resté à Lima, parce qu’il a une fresque à terminer. En plus, il se tape sa galeriste. C’est l’heure de la remise en question pour Charlotte, qui s’est mise en tête de retrouver son père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quel plaisir de retrouver Jean-Philippe Peyraud et son univers où les sentiments se bousculent à la porte des hommes et des femmes. L’auteur du formidable Le désespoir du singe et de la saga sentimentale Premières Chaleurs s’en donne ici à cœur joie. Sous le titre bien trouvé L’inversion de la courbe des sentiments, Peyraud conte sa vision du monde moderne et de ses sentiments qui nous occupent à tout âge. En 2016, le concept de la famille a explosé, les barrières émotionnelles ont sauté. On vit l’amour par écran interposé avant de le vivre pour de vrai. On discute, on baise et on jette au petit matin, sans prendre la peine d’aller plus loin. L’amour jetable est partout. Les humains perdent pied car ils en oublient l’essentiel : l’amour se vit sans se poser de questions, avec intensité. La réussite narrative de l’ensemble est due à la structure narrative choisie par Peyraud : le récit choral où les séquences s’enchaînent les unes avec les autres, avec une grande fluidité. Le dessin simple et efficace y est pour beaucoup dans l’illustration de la complexité des sentiments. Une lecture idoine pour l’été, à l’heure où les sentiments naissent, au coin d’une rue, ou à l’orée d’un bois. Pour une heure, pour un mois, pour l’éternité…