L'histoire :
En Guyane française, au début des années 2000, l’équipe d’extraction de Michel, un orpailleur, exulte. Leurs années d’efforts et de labeurs sur ce morceau de concession viennent soudain de payer. En effet, de jolies pépites sont apparues, qui donnent à Michel des idées d’expansion : il va acheter une pelleteuse pour exploiter au mieux le filon. Mais premièrement, il fête ça au saloon local : de l’alcool et des filles toute la nuit, et pour tout le monde. Le chef de « tribu » des Bonis, Maréchal, tempère sa joie. A exhiber ainsi sa réussite, Michel risque d’attiser bien des convoitises. Mais aujourd’hui que Michel est riche, il compte bien en profiter. Il refuse toute aide et tout rachat par les autochtones. Lucy, la fille de Maréchal, amoureuse de Michel, est particulièrement amère. Il a encore refusé ses avances et ses propositions d’alliance, pour préférer passer la nuit avec une pute. Les jours qui suivent, Michel et son associé Achille rejoignent Cayenne pour acheter des engins. Lilo, le vieux « sage » de la jungle déconseille pourtant à Michel d’apporter des engins… Rien n’y fait. Le lendemain, Michel et Achille achètent tout sourire un Land Rover Defendeur et une pelleteuse, puis les convoient en Pirogue sur le fleuve Maroni, jusqu’à Maripasoula…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’histoire de Michel se situe dans le même contexte poisseux que le premier tome concernant Issaïas, c’est-à-dire la communauté bigarrée, malsaine et tendue des orpailleurs de Guyane. On recroise en effet les mêmes protagonistes, à une date située chronologiquement quelques jours/semaines après le premier tome, mais le récit peut se lire indépendamment de la première histoire. Cette fois, Stéphane Piatzszek relate une tranche de vie importante, ainsi que la personnalité indépendante, attachante et opiniâtre, d’un orpailleur blanc, Michel. Ce faisant, le scénariste cerne finement une autre facette de la fièvre de L’or, certes matérialiste par définition, mais pas forcément vénale. Car ici le personnage central connait la réussite soudaine ; et s’il s’en glorifie socialement, il sait avant tout en partager les bénéfices avec ses proches et ses fidèles. Logiquement, il sera tout de même la cible de la convoitise et de la cupidité d’autrui, jusqu’au drame. Encore une fois, l’or tue. Piatzszek continue ainsi de tisser un formidable western moderne. Impeccablement rythmé et génialement crédible, ce récit bénéficie en outre du talent artistique de Frédéric Bihel, dont la spontanéité du crayonné réaliste, proche du rough, sonne juste et se magnifie de couleurs directes. Rappelons que chacun des six tomes de cette saga approfondira la personnalité d’un des personnages entrevus dans ce coin de Maripasoula, de différentes origines ethniques. Devraient suivre Lilo (le rasta « sage » de la jungle), Etienne (encore inconnu au bataillon), Agathe (l’infirmière qui a les pieds sur terre) et enfin le fourbe parrain local, Maréchal.
