L'histoire :
Une crise climatique et économique sans précédent, alliée à une virulente épidémie de grippe, a abouti à l’effondrement de la civilisation « à l’occidentale ». Notamment dans les villes, les magasins ont été pillés, des révoltes ont éclaté, la circulation s’est arrêtée faute d’approvisionnement en carburants, le réseau électrique s’est coupé, les médias ont cessé d’émettre… La loi du plus fort est désormais la seule qui vaille. Une unique contrainte s’est installée dans l’esprit de chacun : trouver de la nourriture, de l’eau et des médicaments, pour survivre. Désormais veuf – sa femme médecin est morte de la grippe pandémique – Liam se décide à quitter son appartement à l’automne, avec ses deux enfants. A l’abandon, son quartier devient dangereux. Son projet : rejoindre les grands-parents des enfants, dans leur chalet de montagne, à l’abri du tumulte et des périls urbains. Liam a chargé sa voiture avec tous le nécessaire essentiel. Mais au moment de partir, Sophia fait un détour dans un immeuble voisin, alertée par un couinement bizarre. Son retard donne des suées à son père, car une meute de chiens affamés les a pris pour gibiers. Mais Sophia redescend avec… un bébé abandonné dans les bras ! Ils parviennent enfin à partir. Mais deux snipers aperçoivent cette voiture qui s’éloigne et donnent l’alerte. En attendant d’être poursuivis par un véhicule blindé, Liam et ses enfants traversent des paysages de dévastation, les ruines d’une civilisation pillée et laissée à l’abandon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le tome 1 de La chute avait laissé un goût de réalisme particulièrement amer chez tous les lecteurs qui avaient eu le temps de se le procurer, lorsqu’il était sorti quelques jours avant le premier confinement de mars 2020. En effet, cette Chute dont il est question dans cette série éditée par Futuropolis, est celle de notre civilisation à l’occidentale. L’« effondrement » que nous prédisent les collapsologues et qui doit intervenir vers la moitié du XXIème siècle. Or dans le tome 1, l’effondrement est provoqué par une terrible pandémie de grippe… quelle hallucinante coïncidence ! Revenons à notre réalité. Fort probable pour les uns, inutilement alarmiste pour les autres, l’effondrement est en tout cas ici brillamment imaginé par le suisse alémanique Jared Muralt, à travers un retour vraisemblable à la barbarie. L’auteur prend le même point de vue d’un père de famille que celui du personnage de Tom Cruise dans la Guerre des mondes. Ce dernier entreprend un road-trip, une fuite en avant avec un projet bancal de mise hors de danger… Bancal certes, mais c’est le seul qu’il entrevoit dans le marasme pour préserver ses enfants des abominations désormais en vigueur. Car c’est essentiellement la tyrannique transition sociale que dévoile cette suite : Liam et ses enfants se retrouvent de plus en plus opprimés et mal en point, sous le joug d’un groupuscule de dominants qui font valoir leur force et ont oublié l’intelligence. Sur ce plan, ce tome 2 se révèle très manichéen et les débats n’avancent guère. Cela dit, on retient une nouvelle fois le dessin réaliste précis et la mise en scène très efficace, le tout complété par une mise en couleur idéalement crépusculaire, par une saison ou la lumière est basse. Cette série demeure haletante et prégnante. Vivement le tome 3 !