L'histoire :
Une crise sanitaire sans précédent a engendré l’effondrement de la civilisation et une guerre civile proche des guerres de clans. Dans ce contexte, Liam, le père de Sophia et Max, les a conduits à pieds jusqu’à une petite ville de montagne… mais ils sont tombés aux mains d’un groupe aux méthodes radicales. Après bien des ennuis, ils sont parvenus à s’échapper en compagnie d’un groupe de jeunes à bord de deux motoneiges. Mais ils ont du abandonner leur père, blessé et épuisé, à leurs ennemis. Armés, en alerte, les six jeunes gens – plus un bébé et un chevreau – rejoignent le bas de la vallée. Ils finissent par arriver devant un hôtel abandonné. Devant, un champ de blé ; derrière coule une rivière ; sur le côté, des bassins sont remplis de truites. Les propriétaires devaient être pisciculteurs. Considérant qu’une grande part de leurs besoins de subsistance est assurée, les jeunes s’installent là. Trois mois plus tard, c’est le printemps et Sophia pleure toujours l’abandon de son père. Ils s’aperçoivent que l’hôtel n’est pas tout à fait abandonné : un garçon autiste se terre et survit dans une cave depuis des semaines. Ils intègrent ce jeune Thomas dans leur groupe, qui leur indique l’emplacement d’une station-service. Ils décident d’aller faire une reconnaissance jusqu’à cet endroit, car il comporte sans doute encore des vivres non périmées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au bout du troisième tome, La chute continue son petit bonhomme de chemin survivaliste. Rappelons le contexte : de nos jours, une pandémie bien pire que celle du corvidé a ravagé la population mondiale. Un faible pourcentage de survivants surnage alors, au milieu de l’inhumanité crasse qui émerge des ruines de la civilisation. Dans ce contexte, nous suivions jusqu’à la fin du tome 2 une famille monoparentale : Liam et ses deux enfants adolescents. Ce tome 3 se démarque par un changement notable : bye-bye Liam, abandonné à moitié mort à un groupe violent, auprès duquel il n’a guère de chances de survie. Max et Sophia continuent à prouver leur résistance à l’apocalypse au sein d’un groupe exclusivement composé de jeunes qui doivent réinventer les codes sociaux – et se débrouiller avec leurs fantômes. L’auteur allemand Jared Mural semble plus se faire porter par ses personnages et ce qui leur arrive, qu’il ne les dirige réellement. Ce biais narratif est à la fois un atout et une limite : pour le bon côté, il se tient à distance des sentiers battus et des rebondissements convenus ; d’un autre côté, on peine à deviner où l’auteur veut nous emmener. Ce road-trip initiatique pourrait tout aussi bien ne jamais avoir de fin. En attendant, immergé dans une tension de chaque instant et un dessin réaliste soigné, on trippe, on flippe, on se serre les coudes, sur les traces d’un humanisme qui semble s’être totalement évaporé chez la population adulte.