L'histoire :
Alors que le décès de Margret Thatcher vient d'être annoncé sur les ondes, Donald, propriétaire d'un bar dans un village perdu du sud de l'Angleterre, offre une tournée générale. Il n'y a pas beaucoup de monde dans le pub : la jeune Emma et sa mère atteinte du syndrome de La Tourette, et la vieille Miss Plunkett. Le soir même, Donald envoie un mail à ses deux anciens amis, Owen et Abby, partis vivre leur vie à Londres. Il leur annonce que les médecins viennent de lui confirmer qu'il lui restait peu de temps à vivre, et leur demande de venir le voir pour passer quelques jours ensemble et revivre l'esprit de leur jeunesse dans les années 80. Touchés par la nouvelle, mais heureux de se retrouver, ils répondent très vite à l'invitation. Et aussi vite, les trois amis sont assis devant une pinte de bière. Les souvenirs de leur jeunesse remontent, autour de la moto Norton qu'Owen avait cachée le soir où son patron avait perdu tous ses biens dans une partie de poker. La moto est dans un état parfait, jamais utilisée depuis, et les deux hommes prennent le pari de celui qui gagnera une course de distance de quelques miles au volant de l'engin capricieux. Abby, de son côté, est touchée par la vie de Donald dans ce pub ou presque plus personne ne vient. Lors d'un dîner chez la maman d'Emma, autour d'un plat délicieux, il lui vient une idée qui va tout changer...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En débutant leur récit par la joie qu'éprouve Donald à l'annonce de la mort de Margret Thatcher, Michel et Béa Constant annoncent que leurs trois héros ne sont pas tout à fait des enfants de chœur, mais bien des héritiers de la jeunesse anglaise des années 80. Des fêtards amateurs de bière, pleins d'une violence qui s'exprime parfois davantage qu'avec les mots. Les souvenirs des concerts de l'époque, les Doc Martens et la bière sur la plage, sont autant de caractéristiques typiques, proches des clichés que l'on peut avoir sur nos voisins d'outre-manche. Les allers-retours entre la jeunesse des héros et leur vie d'adulte permet de voir de quelle manière ils sont restés eux-mêmes, tout en s'intégrant forcément à la société et à l'époque. Le souvenir de la dame de fer est symbolisé par la Norton restée à l'abri dans un garage, tandis qu'Abby représente à elle seule l'envie d'avancer et l'optimisme. Les quelques jours que les trois amis passent ensembles sont mis en scène avec une volonté visible de raconter un peu plus que des retrouvailles, à travers une intrigue qui remet en selle le maire de la ville, vainqueur trente ans plus tôt d'une partie de poker illicite. On passe du coup un peu moins de temps qu'il n'en aurait fallu pour devenir réellement proches de Donald, Owen et Abby, même si les anecdotes sont plaisantes et si les surprises ne manquent pas. Le dessin semi-réaliste de Michel Constant, même s'il semble parfois un peu rapide, colle tout à fait avec l'esprit doux amer de l'album. Un agréable moment de lecture, pour peu qu'on évite de lire le pitch de l'éditeur qui spoile carrément l'aspect le plus inattendu de l'histoire.