L'histoire :
Mamie Emilie revient en bus de son pèlerinage à Lourdes en compagnie d’une ribambelle de petits vieux. A la station d’accueil à Bazouges, sa fille Françoise est venue la chercher en voiture, mais point son Edouard de mari. A peine arrivée à la maison, avant même d’être débarrassée de ses affaires, Emilie file demander des comptes vers l’abatis du jardin où son homme retape une niche à oiseaux. Une scène de ménage s’ensuit, à la manière des milliers d’autres qui l’ont certainement précédée. C’est l’heure à laquelle les deux beaux-frères et voisins rentrent du boulot. Paul, le gendre, embrasse sa femme Françoise, se prend une petite bière, et devine tout seul l’objet de la nouvelle dispute entre ses beaux-parents. Arrive alors l’heure du diner. On appelle les enfants Tom et Lisa à table, et c’est reparti pour une discussion très animée. Vexée par l’une ou l’autre diatribe de son époux communiste et athée, Mamie Emilie tient soudain sa vengeance : elle déballe la vierge Marie en plastique qu’elle a rapportée de Lourdes, et l’installe au milieu de la pièce, sur la télé. Bienvenus au sein de la famille Garnier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Derrière ce titre légèrement moqueur, on sent pointer la satire anticléricale, jubilatoire pour les uns, exaspérante pour les seconds. Pourtant, la cible principale de Pascal Rabaté, ici simplement scénariste, est avant tout une peinture sociale d’un certain mode de vie. Plus tendre que virulente, la critique se porte aussi bien envers les croyants qu’à l’encontre des communistes ou de la « beauferie » ordinaire. Pour mettre l’ensemble en relief, le dessin de David Prudhomme reste très simple, très aéré, très « nouvelle école », à des lieux de sa Ninon secrète (avec Patrick Cothias). A l’aide d’un trait fin et moderne, il anime un cadre rural, une famille traditionnelle, et surtout mille petits rituels du quotidien qui suffisent à cerner juste. Dans cet univers où la place de chacun est bien distribuée et les conflits parfaitement rodés, les personnages appartiennent tous à la caricature. Mais une caricature finement ciselée : le père auto-satisfait mais tolérant, la mère au foyer soumise jusqu’à un certain point, le frangin boute en train lourdingue et surtout les grands-parents qui s’entendent comme chien et chat : lui est communiste, elle, grenouille de bénitier. Le ton deviendra très orageux lorsque Mamie imposera sa vierge Marie en plastique achetée à Lourdes, posée au dessus de la télé (quel piédestal !), et que Papi se vengera en accrochant un cadre de Lénine juste derrière. Sur ce canevas réjouissant, la fin de cette première moitié, totalement inattendue, est amenée de subtile manière. On attend la suite des réjouissances avec grand intérêt (prévue pour le 1e semestre 2007).