L'histoire :
Au cœur d’une caverne, un homme naît ou se réveille sans aucun souvenir. Pourvu d’un cordon ombilical, il décide de suivre ce fil d’Ariane pour voir où cela le mène. Le chemin est long et tortueux. Le boyau étroit laisse place à des cavités plus vastes. Le cordon se termine en une sorte de follicule ancré dans la paroi. En tirant dessus, l’extrémité se détache. Au bout du cordon, une tête de diable est extraite de la paroi. L’homme tombe en arrière et l’appendice au bout du cordon le regarde droit dans les yeux avant de se transformer en tête de serpent. Le cordon se détache enfin de son corps et le serpent est indépendant. La première action de ce dernier est de se mordre la queue en un rond parfait. Libéré de son cordon, l’homme s’enfonce à l’aveugle dans le réseau de galerie, il marche une éternité jusqu’à ressentir le vent sur son visage. La sortie est proche, la lumière est au bout du tunnel. Il pose le pied à l’air libre dans une déchèterie. Il observe la désolation des lieux envahis par les vautours en quête de proies. Il erre dans ce lieu sinistre jusqu’à rencontrer Irma et sa fille Ocarina qui sont des semeuses de mots. Elles font pousser du sens sur cette terre presque stérile.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaussez vos plus belles lunettes et bourrez votre plus belle pipe, ça va philosopher et turbiner à plein régime. Difficile d’avoir les idées claires et posées en fermant cet ouvrage. A l’instar des plus beaux films français, le générique de fin ne clôt pas l’histoire, il vous laisse en pleine réflexion avec cette première question pour le néophyte : ça se termine vraiment comme ça ? Force est de constater que l’ouvrage de plus de 200 planches va mettre votre imaginaire et votre fibre poétique à l’épreuve. Résumer ou disserter sur cet ouvrage semble inopportun car selon la sensibilité, l’angle de compréhension sera différent pour chacun. Un esprit cartésien y verra surement un récit autour des mots pour endiguer la course folle vers la catastrophe. D’autres y verront un voyage, une épopée vers la découverte du sens des mots et de l’écologie. Le risque d’utiliser des émotions et des ressentis plutôt qu‘une expression explicite de l'idée rend nébuleux le message, illisible voire incompréhensible. Au niveau du dessin, l’aspect graphique est du même acabit que le récit : flou, inégal et complexe. Le cheminement artistique est peu lisible. Les premières planches sont abstraites avec une illustration de la naissance par ce cordon ombilical sans fin, ce qui n’aide pas le lecteur à entrer dans le récit. Outre le plaisir poétique graphique et littéraire, ou la quête absolue du sens, l’album n'est pas enclin à s’ouvrir au plus grand nombre.