L'histoire :
Le fils unique de la famille Letignac, Laurent, poursuit ses recherches sur son père (commencées dans l’opus précèdent). Sidoine Letignac, le père de famille disparu depuis plusieurs années, s’étant démené pour faire obtenir des papiers français à Malika, élève Tarik, le fils de cette dernière, en attendant son retour sur le sol français. Accompagné de Marion, caméraman, Laurent va parcourir les routes de France au fil des indices laissés ici et là par son père. Il va découvrir que ce dernier, ne s’appelle pas Sidoine Letignac, qu’il n’est pas catholique et qu’il n’est pas originaire de la région parisienne. Laurent va aller de surprise en surprise, de rencontre en rencontre, afin d’écrire la biographie de ce père dont il ne connait rien. De son côté, sa mère devenue dépressive, ne veut plus rien savoir de cet homme qui l’a abandonnée en s’enfuyant avec un enfant qui n’est pas le sien. Laurent est tiraillé entre la souffrance de sa mère et l’adrénaline procurée par la recherche du passé de son père. Quelle est l’histoire de cet homme ? D’où vient-il ? Pourquoi a-t-il changé de nom ? La vérité de Sidoine éclatera au grand jour, non sans laisser des séquelles...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En général, quand un éditeur décide de prolonger une série initialement prévue en deux tomes, ce n’est pas fameux. Mais vue la complexité de l’histoire et surtout le passé de Sidoine, l’écriture de ce troisième opus est largement justifiée. Et quelle histoire ! Nous sommes partis dans le premier album d’une famille soudée aidant les communautés étrangères à s’intégrer dans le quartier défavorisé de Paris où ils habitent, pour arriver à un mélodrame où le père a un passé incroyable. La mère possessive déprime de la situation, jusqu’à haïr son propre mari. Et le fils se rend compte que toute les convictions qu’il avait acquises sur sa famille vont à vau-l'eau. Le récit sorti de l’esprit de Luc Brunschwig est assez complexe mais, paradoxalement, il est extrêmement fluide. La force de cet opus est de nous faire découvrir le passé de Sidoine. Le personnage est attachant et authentique face à une vie qui ne lui a pas fait de cadeau. On s’imagine à la place de ce fils qui, au fil de l’histoire, voit son père devenir un inconnu au gré des rencontres. Au final, on oublie le récit social autour de l’immigration et des sans-papier du premier tome, pour se concentrer sur la famille Letignac. L’album est joliment illustré par un dessin de qualité qui s’accorde avec la tonalité de l’histoire. On reconnait aisément le coup de patte d’Etienne Le Roux qui fait ressortir la bonhomie de certains personnages comme dans la série 14-18 (chez Delcourt). Un bel album pour clore ce très intéressant récit social.