L'histoire :
Aurélien est dessinateur de presse, auteur de bandes dessinées, mais surtout fils et petit-fils de menuisier. Alors que son père est proche de la retraite, il va aller passer des semaines auprès de ceux qui font encore vivre sa toute petite entreprise. Il va tout d'abord questionner sa grand-mère qui lui racontera son grand-père Marcel. Puis la grande surprise lorsque son propre père annonça à sa maman qu'il allait reprendre l'affaire. Brillant élève, ayant réussi le baccalauréat avec facilité et diplômé des Arts et Métier, il n'était pas prédestiné à suivre les traces de ses parents. Mais alors que Marcel était mort depuis plusieurs années, qu'un employé faisait tenir la menuiserie avec ses trois salariés, Arnaud a pris une décision devenue évidente. En épluchant les pommes de terre pour la soupe qu'elle va servir à midi, Madeleine raconte sa surprise le jour où elle a appris la nouvelle. Et commence à expliquer comment la petite société a repris vie. Lorsque son père les rejoint pour le repas, il apporte de nouveaux détails. Pendant les semaines qui suivent, père et fils vont vivre ensemble au rythme du travail des ouvriers, Aurélien voulant vivre de l'intérieur ce qui constituera son nouveau livre en bandes dessinées. Il va côtoyer les scies sauteuses ou à ruban, la terrible toupie, et voir les doigts raccourcis aux mains des anciens. Et parler avec son père de la marche d'une petite entreprise familiale, de ses espoirs d'une SCOP. Tout en reconnaissant, sans que ce dernier lui en veuille, qu'il sera celui qui ne reprendra pas la menuiserie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Aurel livre en plus de 130 pages une chronique à la fois familiale et sociale qui raconte la vie d'une petite entreprise de menuiserie dans un village de l'Ardèche. La retraite annoncée du père de famille et l'absence de repreneur donnent à cette longue exploration faite de dialogues et de scènes de la vie au travail une vraie nostalgie. Aurel la partage avec le lecteur sans pathos et sans sentiments artificiels, mettant l'accent sur les discussions avec les ouvriers et leurs problématiques, à la fois très quotidiennes et très humaines. Une suite d'entretiens avec Dominique, Khalil, Jacques ou Julien dessinent en creux le défi de faire tourner une petite entreprise dont les quelques employés sont tous indispensables, mais promènent avec eux, comme tout le monde, leurs problèmes quotidiens. Les regrets non exprimés du fils qui ne sera pas repreneur donnent la force d'un témoignage à son travail, sa densité étant décuplée lorsqu'il se plonge dans des paysages plus sombres, beaux et fouillés, qui tranchent délibérément avec le dessin rapide du reste de l'album. L'auteur montre par ailleurs une vraie habileté pour expliquer les caractéristiques et les dangers des différents machines-outils du petit atelier familial, tirant au lecteur des « ah, d'accord ! » béats. Car outre la chronique douce amère d'un changement d'époque et de génération, cet album propose l'explication ultime sur l'empilement des lames sur le porte-outils de la toupie !