L'histoire :
Jean-Claude se promène avec son amie sur le chemin des contrebandiers, un sentier escarpé qui longe le littoral méditerranéen du côté d’Antibes. Il fait beau, le paysage est superbe, mais toutes les pensées de Jean-Claude sont obnubilées par une vieille phobie dont il souffre depuis sa jeunesse : le vertige. Régulièrement, un passage un peu en surplomb du chemin lui procure une sueur froide et il doit trouver une technique de contournement oculaire – ou faire une pause pour se préparer psychologiquement à le passer. Son comportement est trop explicite pour qu’il fasse mystère de cette phobie à son amie. De fait, tout en progressant (lentement !) sur le sentier, il se confie à elle en regroupant ses souvenirs. Quand et comment a-t-il éprouvé pour la première fois le vertige ? Cela remonte-t-il à son enfance, lorsqu’il avait voulu descendre de la voiture familiale pour faire pipi sur une route du pays basque ? Par pudeur, il avait négligemment enjambé le parapet qui longeait cette route escarpée, pour se retrouver au bord de la falaise. Son père avait alors eu tellement peur, qu’il l’avait copieusement enguirlandé, tout en le faisant remonter du bon côté. Pourtant, à l’époque, il n’avait pas peur de grimper jusqu’à la cime des arbres, pour apercevoir, de loin, la tour Eiffel. Voire, quand il était jeune adulte, de faire un plongeon (un peu ridicule) de 14m dans la mer, juste pour épater les filles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nous voilà tous bien au courant, désormais : Jean-C. Denis a donc le vertige. Et il assume et exorcise cette phobie finalement très commune en lui consacrant un bouquin de 135 pages ! Car La terreur des hauteurs ne parle que de ça : à quand remonte le vertige de Jean-C, qu’est-ce qui l’a déclenché pour la première fois, les anecdotes où il l’a le plus ressenti… et tout ce que ce sentiment implique et explique en matière de psychologie : vertige de l’amour, manque de confiance en soi, déplacement d’une phobie vers une autre… De fait, on peut trouver cet album très nombriliste, tout comme Nouvelles du monde invisible l’était déjà, concernant son odorat surdéveloppé (sur plus de 160 pages). On peut aussi en profiter pour s’interroger sur nos propres phobies et ce qu’elles traduisent. Ou sur le sentiment de vertige en général et tout ce qu’il traduit, potentiellement. Car Jean-C Denis propose plus ici une œuvre introspective, sur lui-même et sa jeunesse, qu’une étude profonde et documentée de psychanalyste sur le sujet. Sur le plan graphique, il utilise toujours le style qui est le sien depuis des années : un dessin semi-réaliste simple, mais efficace, et surtout très au point, uniquement complété par un lavis gris-bleu en bichromie (et quelques fonds de papier jaunis, pour les flashbacks). Une œuvre sur laquelle se pencheront les inconditionnels de Jean-C. Denis…