L'histoire :
1943, Quartier de Laurel Bay, ville de Beaufort, État de Caroline du Nord. À la sortie d'une soirée dansante jazz, Rubin Frazier reçoit une décharge de chevrotine et se retrouve sans bras gauche. Neuf ans plus tard, Billy Boy et son grand frère Tommy traversent la rue avec un sac rempli de bouteilles. Ce soir, c'est un grand soir, Rocky Marciano affronte J.J. Walcott. Ce combat de boxe est attendu par toute la famille Frazier qui s'est réunie devant le poste de télé, avec Jimmy Powers de NBC aux commentaires. Dès le premier round, Walcott met Marciano au tapis. Mais l'indestructible The Rock from Brockton se relève. Il encaisse, il encaisse et fait parler son punch pour mettre K.O. son adversaire. Rocky Marciano est le nouveau champion du monde, le 23 septembre 1952. Billy Boy est aux anges. Le jour, Billy Boy aide son père manchot dans les plantations de tomates d'un propriétaire blanc. Le soir, il rêve d'ailleurs... New York. Billy s'entraîne à frapper dans un sac rempli d'herbe. Un jour, il se blesse au bras dans un enclos. Son bras gauche est fracturé, ce qui ne l'empêche pas, quelque temps plus tard, d'envoyer une droite du gauche à un malotru ! Joe Frazier s'envole pour Harlem laissant derrière le Billy Boy qui l'était. A NY, il s'inscrit rapidement dans un club de boxe...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien avant le mythique combat de Kinshasa en 1974, opposant Mohamed Ali à George Foreman, il y eut le Combat du siècle comme l'appelaient les promoteurs. Ce combat de boxe fut bien plus qu'un simple duel entre deux grands champions. C'était l'affrontement entre deux courants politiques. D'un côté Ali qui avait délaissé son nom d'esclave Cassius Clay, membre de la Nation of Islam, partisan radical anti-blancs, et de l'autre Joe Frazier, apôtre de Martin Luther King, plus pacifiste. L'élève de Louisville, Kentucky vs l'enfant des champs de coton de Caroline du Sud. Vous l'aurez bien compris, ce qui se passe ici dépasse le cadre du simple ring. Dans son récit, Loulou Dedola construit step by step la marche en avant de Frazier qui se retrouve malgré lui embarqué dans les arcanes politiques. La confrontation verbale comme pugilistique entre Ali et Frazier vaut le détour à travers des joutes verbales d'une intensité hors norme. Au dessin, Dedola montre une nouvelle fois sa science graphique du mouvement, notamment dans les pugilats entre les deux monuments du noble art (Frazier frappant des carcasses de viande, ça ne vous rappelle pas un boxeur de Philadelphie qui crie AAADDDDRRRRIIIIENNNNE ?) 50 ans après, ce Combat du siècle est toujours d'actualité. Il mérite toujours qu'on lève le poing pour mettre un point final à ce racisme inutile qui fait plus perdre de temps qu'autre chose.