L'histoire :
Dans un environnement polaire, trois hommes sont enfermés dans une capsule sphérique métallique, flottant au gré des courants glacés, entre les icebergs et une banquise chaotique. Nicodème et Cartache sont les deux assistants de Salpatrès, un savant qui les a entraînés dans une expédition qui a visiblement mal tourné… Ils se croient perdus, ils vont assurément mourir de froid, ou de faim. Pour tuer le temps, l’un d’eux raconte la légende de Bramante et d’Astarté, deux constellations d’étoiles… Ce faisant, ils repèrent un étrange pont de glace, surmonté du cadavre d’un homme, totalement figé par le gel. Ils sortent de leur capsule et escaladent le pont. Sous la couche de glace, ils repèrent quelques apparats portés par la statue glacée : une dague, une bague et un collier. Ils brisent la glace à grands coups de ceinturon, se partage ce butin dérisoire et retournent dans leur abris flottant. Plus tard, ils sont repêchés par un navire. Ils sont soignés, ragaillardis et finissent plusieurs jours plus tard par regagner une grande cité polaire. Le gouverneur local accueille le savant Salpatrès avec moult égards, lui qui est d’ordinaire mis au ban des autorités de son pays d’origine pour ses idées scientifiques subversives. Il lui est donné tous les moyens de continuer ses recherches et se trouve même invité à des soirées mondaines. Lors de l’une d’entre elles, il fait la connaissance de Léda, la femme du gouverneur, sublime mais déprimée. Un courant troublant passe immédiatement entre ces deux êtres…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le lecteur découvre d’emblée un univers assurément décalé : on évolue ici dans ce qui ressemble à un pays arctique dans la première moitié du XXe siècle. Mais on est surtout hors du temps et hors de tout lieu géographique connu. Même les noms des protagonistes sont résolument fantaisistes. Un savant (qui étudie quoi ?), transfuge malgré lui en provenance d’un état a priori dictatorial (oui mais lequel ?) tombe immédiatement amoureux de la dépressive « première dame » de sa nouvelle nation d’adoption (oui mais pourquoi ?)… Ces précisions n’ont visiblement aucune importance dans la trame de cette aventure romantique et tragique, qui trouve avant tout une finalité métaphorique. D’un côté Christian Durieux livre une histoire d’amour pétrie de poésie, sans se soucier des contingences matérielles. Parallèlement, il cherche à émouvoir nos destinés d’hommes face à la complexité du monde (waoh, vaste programme). Son dessin est simple, précis et lisible, simplement complété par quelques rares teintes en aplats ternes, (logiquement) froides. Cette étrange fable, un peu déroutante mais qui ne laisse pas insensible, trouvera certainement son public parmi quelques initiés… (mais initiés à quoi ?).