L'histoire :
Ambitieux, entreprenant, Melvin l’est autant à la tête de sa petite société qu’avec les femmes. Il ne conçoit pas qu’on puisse lui résister et ne lâche jamais l’affaire. Transie d’amour pour ce gagnant beau-gosse, son assistante Anita gère pour lui un agenda de ministre : contrat avec la Finlande, négociations houleuses avec le banquier, plateau télé sur le journal de 13h… L’apercevant lors de cette retransmission, Léo, un vieil ami de lycée un peu rêveur, décide de lui rendre visite à l’improviste. Sans trop savoir comment il se fourre dans cette situation, Melvin se retrouve finalement un soir avec sa secrétaire et Léo, à assister au spectacle « à la noix » d’un hypnotiseur. Si Melvin reste sceptique et moqueur à l’encontre de ce genre de charlatans, Léo ressort néanmoins de la salle avec les yeux écarquillés. En état de veille paradoxale, il ne s’est pas réveillé de la dernière « manipulation » de l’hypnotiseur. Dès lors, il n’agit plus que sur ordre de ses proches… et Melvin se retrouve avec un zombie sur les bras ! Or il doit absolument prendre un avion pour signer LE contrat du siècle, sous peine de devoir déposer le bilan de la boîte…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le plus simplement du monde, avec un savoir-faire impressionnant, Jean-Claude Denis a concocté une petite aventure en one-shot qui séduira un très large public. Il prend d’abord le temps de présenter tout son petit monde, puis il déroule une histoire qui s’avère très rapidement piquante. 92 planches plus tard, on referme l’album comme hypnotisé, un sourire ravi aux lèvres, avec la curieuse impression qu’on a lu quelque chose de pas si simple que ça. En fait, il y a deux niveaux de lecture à cette aventure. La légèreté du récit s’apprécie tout autant qu’un propos plus complexe, pas si innocent que ça, autour de la confrontation entre deux personnages masculins opposés. Ultra-dynamique, arrogant, Melvin est un gagnant, un « tueur » ; rêveur, Léo se laisse porter par les évènements et ne s’aperçoit même pas finalement, qu’il a un trou d’une semaine dans son emploi du temps. Les extrêmes de la vie moderne ? Deux conceptions antinomiques (et indispensables) de l’humanité ? En tous cas, c’est très agréable d’être diverti tout en ayant l’impression d’avoir appris quelque chose. Pour mettre l’ensemble en relief, JC Denis a recours à une sorte de « ligne claire » qui ravira les amateurs de BD classique. Son dessin est élégant, précis, régulier, complété par une colorisation sobre et chaude… Impec’, rien à dire, à part peut-être un rendu final un peu terne, certainement du au taux d’absorption du papier d’impression (mais c’est chercher la p’tite bête).