L'histoire :
En 2010, Mazan et son épouse Isabelle Dethan préparent l’exposition consacrée à l’Egypte redessinée, qui doit se tenir pendant le festival au musée d’Angoulême. Pour les besoins de la scénographie, ils aimeraient pouvoir exposer une vraie momie… mais c’est mission impossible. A défaut, un conservateur du musée leur propose un vrai squelette et il les emmène pour cela dans une réserve. Les yeux de Mazan brillent lorsqu’il découvre une vertèbre de dinosaure, gigantesque. Sa passion d’enfant pour la paléontologie lui revient violemment en mémoire. Le conservateur lui propose alors de l’accompagner durant l’été suivant sur le terrain d’une fouille à Angeac-Charente, à côté de Châteauneuf… à 10 km de chez lui ! Chose promise, chose due : l’été 2010, Mazan se retrouve à faire des croquis des archéologues en action sur un site qui se révèle extrêmement prometteur : un fémur de sauropode (un grand cousin du diplodocus) de plus de 2 mètres est exhumé ! Bientôt, un grand nombre de paléontologues se succèdent pour venir voir la merveille. La fouille ne dure que 15 jours, mais l’expérience est intense pour Mazan, qui rêve de recommencer. Afin de se former plus précisément à la paléontologie, il se met alors à accompagner les professeurs et ses étudiants sur différents sites de fossiles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Auteur prometteur et prolifique de l’écurie Delcourt dans les années 90, Mazan a enchainé les succès… puis il s’est fait plus discret. Et pour cause : en 2010, il a été rattrapé, dévoré par sa passion d’enfance pour la paléontologie. Au point de se consacrer dès lors exclusivement à des voyages et des croquis des fouilles et de leurs découvertes. Ces Dinosaures du paradis sont le résultat de ces dernières, reliées par une narration à la première personne : Mazan se met en scène en train de participer à de curieuses fouilles ( ! ), à divers engagements et surtout à un voyage au Laos en février et mars 2012, aux côtés du maître de conférences Ronan Allain, qui signe la postface. Le prisme est donc didactique, mais pas trop, afin de mettre la discipline à la portée du grand-public : à travers la narration chronologique de son aventure, Mazan ajoute beaucoup d’humour, un franc-parler plein d’expressions populaires, de petites blagues, autour de l’organisation sociale, du travail en collectivité, entre scientifiques et néophytes, entre francophones et laotiens. Son découpage alterne alors les aquarelles réalistes factuelles (les campements, les sites de fouilles, les bâtiments, les outils), les interludes narratifs réalisé dans un style semi-réaliste sur le ton de l’aventure excitante, les topos explicatifs (plans, tableaux schématiques…) mais aussi de nombreuses insertions photos de ses périples. Et parfois, il mélange tout à la fois : un bout de photo mis en scène dans un dessin. Il y a de petites joies (quand ils découvrent un gros bout de squelette), de grandes angoisses (les scorpions, les mines, la fauche…), mais surtout le souvenir dingue d’une aventure humaine et scientifique, formatrice et instructive. Certes, c’est un peu longuet, Mazan se permet moult digressions sur la culture et la vie rurale au Laos, mais ces incartades façon carnet de voyage participent aussi de la richesse de l’ouvrage. Une question perdure : pourquoi avoir attendu 12 ans après la fin de ce voyage pour le narrer en BD ?