L'histoire :
Virgile est gardien au musée d'Orsay. Son quotidien est fait de visiteurs qui avancent tous au même rythme à travers les salles du magnifique bâtiment, laissant trop rarement voir leurs émotions. Un rêve étrange le réveille sans qu'il sache s'il s'était assoupi sur son siège au travail, ou s'il revient d'une nuit de sommeil. Et il constate que de très nombreuses femmes ont disparu des tableaux dont elles constituaient des éléments essentiels. Parmi elles, celle que Virgile adulait plus que toute autre sur un tableau d'Ingres. Débute alors une enquête folle à travers les salles du musée, en compagnie de Goethe dont le buste s'est animé, ou de Dante qui se porte à son secours. Une plongée dans des tableaux majeurs qui tous ont perdu une raison d'être. Une irruption inédite dans l'univers de peintres dont les personnages sont pris à témoin.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Stéphane Levallois réalise une belle promenade à travers une foule de tableaux du musée d'Orsay, dans un jeu d'allers-retours entre la réalité des œuvres et un monde parallèle dans lequel leurs sujets prendraient vie. Les femmes qui s'échappent des tableaux, créant un vide dans des images célèbres, ne sont qu'un des éléments du rêve éveillé qu'il nous fait partager. Les très nombreux exemples qu'il documente en fin d'album confirment la sensation d'avoir parcouru de multiples univers graphiques dans un récit dont la dimension visuelle est primordiale. L'auteur multiplie les techniques et les impressions, ce qui demande au lecteur la faculté de se laisser porter sans trop chercher d'explications, à partir du moment où la Muse de La Source d'Ingres a quitté la toile. Il nous réserve des surprises, comme les rencontres et les dialogues avec des personnages célèbres, et cet étrange buste qui s'anime sur des pattes mécaniques et parcourt le bâtiment. Ou la formidable page où le musée redevient une gare, spectaculaire et onirique. Très maîtrisé graphiquement, l'album laisse toutefois la petite impression d'un exercice de style, multipliant les références qui semblent réserver l'expérience de lecture à un public très érudit. Mais que de belles pages !