L'histoire :
Il y a quelques jours, Sandra a découvert en rentrant chez elle le trousseau de clé que son compagnon à laissé à son intention, et une lettre de rupture tapée à l’ordinateur. Il lui demande d'aller s'installer dans cet autre appartement, le temps qu'elle puisse se retourner. Sandra est écrivaine, elle a déjà publié deux romans, et venait de constater dans l'avion qui la ramenait du Danemark qu'un inconnu lisait son premier ouvrage. La fierté lors de son retour à Paris est vite retombée avec cette froide rupture. Elle réalise avec rage à quel point la nouvelle la fragilise, même si ses relations avec Lazare s'étaient distendues depuis plusieurs années. Auprès de sa meilleur amie, Eve Anne, elle tente de noyer son chagrin dans l'eau d'une piscine, ou en buvant un cappuccino recouvert de crème chantilly dans le bar de Ruggero. Elle promène sa mélancolie de son nouvel appartement vide à la Bretagne où elle rejoint très vite son frère. Elle partage tout avec lui, leur relation est très profonde et pleine de tolérance. Bien sûr, elle aimerait pouvoir reprendre l'écriture de son troisième roman, en chantier depuis plusieurs années, mais le bouleversement dans sa vie privée agit à la fois comme un catalyseur et comme un blocage. Elle sent une envie nouvelle malgré la souffrance. Mais sa vie est pour le moment obsédée par ces SMS qu'elle envoie et qui restent sans réponse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Gilles Larher n'est pas un scénariste de bande-dessinée chevronné. Il est libraire de métier. On comprend mieux la construction de ce livre, lorsqu'on découvre cela. L'univers de Sandra est celui d'une maison d'édition, d'écrivains et de leur vie parisienne, ce qui la rapproche de nombreux romans français actuels. Le ton du récit est littéraire d'entrée de jeu, très axé sur des dialogues précis et soigneusement écrits, tout comme les pensées off de son héroïne. Le tempo est lent, les actions s'éternisent parfois délibérément, même si de nombreuses surprises attendent finalement le lecteur. Le duo formé avec Sébastien Vassant – ils sont notamment les auteurs de L'accablante apathie des dimanches à rosbif – est approprié. Le dessinateur complète intelligemment le ton de son scénariste, et son style actuel et dépouillé laisse beaucoup de place aux états d'âme. Les ellipses sont quasiment inexistantes, et en dehors d'un flashback initial, l'action se déroule de manière linéaire. Le ton général est plutôt léger, même si la tristesse prend parfois le dessus de manière appuyée. La surprise viendra d'une multitudes de révélations parallèles à la trame principale, lorsqu'on découvrira que la jeune femme va effectuer un voyage dans sa propre vie. Un ouvrage au ton personnel et presque intime, mais qu'on imagine très bien, grâce à sa galerie de portraits plutôt réussie, sur un écran de cinéma.