L'histoire :
En août 1914, le jeune Clément intègre le personnel soignant de l’asile d’aliénés de Prémontré, dans l’Aisne (proche de Soisson). 1300 malades sont internés ici, de 4 à 95 ans, de toutes sortes – des zinzins, des doux-dingues, des dangereux – comme lui indique Loisel, le gardien en chef, lors de la première visite qu’il lui fait. Mais l’époque se complique nettement avec la nouvelle guerre qui vient de déclencher face à la Prusse. Chauffeurs et véhicules sont mobilisés, tandis que les médecins ne pensent qu’à mettre leur famille à l’abri au sud – eux y compris. Alléluia, Clément sait conduire ! Dans les jours qui suivent, Clément fait connaissance de la mère supérieure des Sœurs de la Charité, ainsi que de l’économe, André Letombe, un humaniste courageux. Letombe sera le seul supérieur hiérarchique à rester sur place, pour s’occuper des pensionnaires, alors même que les autorités refusent de les évacuer. Après tout, jamais personne n’irait tuer un fou, pas même un boche… Effectivement, une garnison française installe son campement autour de l’établissement durant quelques jours, avant d’être remplacé par une garnison allemande. Ces derniers sont impressionnants en nombre, mais ils promettent de bien traiter leurs « otages » et de ne pas rester. Clément, lui – ou plutôt « elle » ! – se plie à la nouvelle organisation, tout en poursuivant un but très personnel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Depuis l’an 1121, l’abbaye de Prémontré, dans l’Aisne, à proximité de Coucy-le-château, accueille des malades et des fous. Durement touché par les deux guerres mondiales, l’établissement est toujours aujourd’hui un hôpital psychiatrique. C’est son histoire de résistance toute particulière, durant la première guerre mondiale, que scénarise et romance ici Stéphane Piatszeck, en lui adjoignant une « petite » histoire fictive. Le jeune Clément (ou plutôt Clémence, comme on l’a déjà spoilé en résumé), est en effet venu en ce lieu dans un objectif très précis (que nous ne spoilerons pas, cette fois). En raison de leur humanisme, de leur capacité à surmonter l’impossible, à improviser et s’organiser pour organiser la survie, on s’attache beaucoup aux protagonistes principaux. Le personnage de l’économe, notamment, poussera les fous à travailler aux champs et dans les villages alentours, pour permettre l’approvisionnement en nourriture. Inspirée d’une histoire vraie, cette anecdote offre à Jean-Denis Pendanx la possibilité de montrer une nouvelle fois l’immense étendue de son talent artistique, dans un style graphique qui oscille, au gré des besoins, entre le semi-réalisme et le caricatural. La colorisation aux lavis, majoritairement ocre, nourrit de magnifiques reconstitutions, et accorde l’âme historique idoine à la période. Une histoire de famille, une histoire de courage, une histoire de Mémoire…