L'histoire :
L'hiver est pluvieux, sur Paris. Luc Leroi a du mal à égayer le cœur de son amoureuse Alinéa, d'origine tahitienne. Elle a le mal du pays, elle a besoin de soleil. Luc a alors l'idée de l'emmener au musée d'Orsay, pour qu'elle voit les toiles du peintre Paul Gauguin. Cependant Alinéa connaît déjà bien ces œuvres. Un ami de sa famille, à Tahiti, un certain Jacques de Guerlasse, a jadis réalisé beaucoup de copies et d'autres peintures à la manière de Gauguin. L'un d'eux, un portrait de la mère d'Alinéa, avait pour titre « Mari ra i muri mai », ce qui signifie quelque chose comme « Plutôt plus tard ». C'est dans un restaurant italien qu'Alinéa propose ensuite à Luc de l'accompagner dans un voyage à Tahiti. Et de revendre sa vieille voiture Vespa 400 pour financer le billet. Luc est très amoureux... et se retrouve donc dans l'avion. Sur place, il fait la connaissance de pāpā et souffre durablement du jetlag. Il s'achète une veste totalement ringarde et découvre la fameuse toile façon Gauguin qui représente la mère d'Alinéa. On dirait quand même vraiment un vrai ! Le lendemain, Luc et Alinéa se rendent au musée Gauguin, dans la maison qu'il a habité à la fin de sa vie. Un lieu pas si touristique : tous les originaux sont exposés au musée d'Orsay parisien... Les jours passent, Luc doit déjà penser à rentrer en France. Mais avant, pāpā lui offre un ukulélé. Dans le sommeil qui s'empare de lui dans l'avion du retour, Luc va alors débuter une incroyable expérience ésotérique...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà 16 ans que Jean-Claude Denis n'avait plus fourni d'aventures de Luc Leroi. Une éternité, en bande dessinée ! L'auteur a entre temps été sacré Grand Prix d'Angoulême et s'est livré à différents albums en one-shot, chez Futuropolis. C'est d'ailleurs chez ce dernier éditeur que son emblématique héros revient désormais, pour une variation en hommage à l'œuvre et au parcours de vie du peintre Paul Gauguin. L'occasion ne pouvait pas être manquée : le héros rouquin et lunaire a pour petite amie une tahitienne... Nostalgique et désabusé, Luc Leroi se laisse donc porter vers ce territoire français du Pacifique, toujours plus enclin à subir les expériences qu'à les provoquer... mais toujours prêt à délivrer de grosses onces d'humanité et de hauteur d'esprit. Tantôt teintées d'humour, tantôt d'expériences oniriques, ses pérégrinations l'amènent à se perdre dans les méandres de la réalité, du temps et de la géographie. Elles laisseront assurément au lecteur une drôle d'impression sur l'intemporalité de l'Art et de ses muses. Le dessin semi-réaliste, proche de la ligne claire, avec un micro-soupçon de style « gros-nez » (pour Luc), demeure élégant et très agréable à l'œil, notamment grâce à une colorisation sobre, à laquelle l'auteur ajoute encore une subtile gestion de la lumière. Faudra t-il attendre 16 nouvelles années pour un tome 9 ?