L'histoire :
Mancha vit au Mali, ou plutôt il y survit, menant une existence d’artiste marginal. Habitant dans un cimetière de voitures, il peinturlure ses névroses sur les murs et ne réussit à échapper à ses terribles souvenirs d’enfance au Rwanda que dans des « trips » artificiels ou dans le frisson de jeux clandestins. Il n’est raccroché à la réalité que grâce au soutien de son fidèle mais unique ami Sancho et de Mah, son amante. Tombant un jour follement amoureux d’une touriste française de passage, sans lui avoir jamais adressé la parole, il décide qu’elle est la femme de sa vie et qu’il doit partir la retrouver à Paris. Il persuade alors Sancho de s’embarquer avec lui dans ce voyage. Ils se rendent donc en moto jusqu’au Sénégal pour y trouver un passeur et embarquer pour l’Europe. Leurs aventures au hasard de la route, parfois brutales et dramatiques, ne le découragent pas et sont autant d’occasions de démontrer son tempérament idéaliste et chevaleresque. Comme une catharsis, ce voyage lui permet de se confronter à ses démons et, en même temps, lui redonne espoir en une vie meilleure et apaisée. Jusqu’à ce qu’ils arrivent à Paris…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mancha, Chevalier errant bénéficie de la profondeur de réflexion ainsi que du talent d’aquarelliste de son auteur. Le récit de la quête de Mancha sonne juste parce que Cmax a donné de l’épaisseur à ses personnages et aux univers qu’ils traversent. La personnalité extravagante de Mancha et ses délires ne sont pas gratuits : ils ont un sens et s’expliquent progressivement. De sorte que la pitié attristée que Mancha suscite au début, se transforme en compassion au fil du récit et que l’on espère vraiment, avec lui, qu’il parviendra à s’extraire de sa misère mentale. De plus, Cmax prend le temps d’illustrer les lieux que les deux héros parcourent, en s’attardant souvent sur les objets et les scènes de la vie quotidienne. Il ancre ainsi leur périple dans une réalité bien concrète, que ce soit en Afrique ou en Europe. Il rappelle bien au lecteur la proximité des détresses humaines qu’il décrit. Au final, voilà un récit réussi, où le parallèle revendiqué avec Don Quichotte n’apparaît ni prétentieux, ni usurpé, et qui est en outre brillamment servi par la justesse du dessin et le tempo des images.
