L'histoire :
Du mois de janvier 1960 jusqu'au 4 août 1962, Ralph Greenson a été le psychanalyste de Marilyn Monroe. Enfin, plutôt de Norma Jeanne Baker. Il a rencontré la femme derrière l'artiste et l'icône internationale. Il a été son dernier psy, mais aussi la première personne à l'avoir découverte sans vie. Tout débute à Los Angeles en janvier 1960, lorsqu'il la rencontre pour sa première séance. Elle est si belle, avec de l'esprit malgré ce qu'elle veut montrer à l'écran. Pour des questions de discrétion, et en raison de l'état de santé physique de l'actrice, très affaiblie, les séances se déroulent dans le bungalow qu'elle occupe avec son mari. Ralph Greenson devient alors le quatrième psychanalyste de Marilyn. Dès le premier rendez-vous, elle se présente avec plus d'une demi-heure de retard. Il le lui fait remarquer, cherchant à la déstabiliser. Elle lui précise qu'elle est en retard avec tout le monde. Son attitude, ses yeux, tout son corps traduisent qu'elle s'est bourrée de calmants. Le psychanalyste lui demande alors deux choses : d'une part, il lui faut arrêter les intraveineuses ; d'autre part, arrêter de consulter des médecins les uns à l'insu des autres, et de ne voir que le médecin qu'il lui conseille. Petit à petit, les séances deviennent plus régulières, prenant de plus en plus de place dans la vie du thérapeute et de l'actrice. Les frontières se brouillent, laissant la dépendance prendre le dessus.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'autrice Louison adapte ici le livre de Michel Schneider, qui a reçu le prix Interallié 2006, à l'âge de 36 ans. Ce choix n'est pas anodin puisqu'il correspond à l'âge auquel Marilyn Monroe a perdu la vie. Publié parallèlement au film de Netflix Blonde, l'ouvrage explore la relation entre la femme artiste et son dernier psychanalyste. On perçoit une femme perdue, qui se réfugie dans les médicaments pour fuir le monde, mais qui est surtout en manque d'amour. Derrière l'étoile hollywoodienne, se cachait un tout autre visage. Le psychanalyste va tenter de la sauver d'elle-même, de ses addictions. Mais finalement, il va lui aussi se retrouver pris dans une spirale infernale, prisonnier et dépendant de sa patiente. Les frontières entre ce qui relève de l'analyse et de la vie privée vont devenir de plus en plus floues, et il finira par devenir l'image du père qu'elle voulait avoir. La dessinatrice nous montre une Marilyn Monroe fragile, qui n'est plus assimilée à l'image hyper sexualisée qu'on lui attribue. Ici, on ne peut pas dire qu'elle soit « belle ». Elle jouera néanmoins sur le langage corporel, qui reste très sensuel. Pour briser la monotonie d'un cadrage fixe cases après cases, elle varie les points de vue, effectue de nombreux zooms sur des attitudes, des gestes. Et l'on sent le langage cinématographique parler. Côté colorisation, Louison propose une bichromie avec une dominante de bleu uni, et des alternances dans les jeux de lumières. Cette bande dessinée permet de poser un autre regard sur cette icône Hollywoodienne et de saisir ses failles.
