L'histoire :
Ce matin là de 1882, la jeune Mary Jane embrasse son époux, Davies, avant qu'il descende travailler à la mine. Hélas, le coup de grisou fait vibrer le sol jusque chez eux. Alertée, elle accourt a travers champs, jusqu'au puits principal, pour assister finalement à la remontée des corps et entendre la terrible nouvelle : Davies y est resté. La voilà veuve, sans ressource, à 19 ans. Plutôt que de se retrouver absorbée et dépendante du bureau de bienfaisance et de l'Union Workhouse, Mary préfère partir. Partir vite, quitter son logement, emportant juste une valise d'affaires personnelles avec elle. Elle ère ainsi une journée et une nuit dans la nature. Son mari était tout pour elle. En cauchemar, elle s'imagine sans cesse sa mort. Lors de sa première toilette, esseulée en bordure de rivière, sa valise est emportée par le courant. Elle tente de la rattraper mais elle tombe sur une bande de rôdeurs en fuite. Ces derniers viennent de piller une ferme, ils ont les gendarmes aux fesses et ils emmènent Mary dans leur cavale. Ils partagent un campement, un peu de victuailles et de chaleur humaine avec elle. Mais au milieu de la nuit, les gendarmes et leurs chiens les retrouvent. Dans la débandade, Mary choisit de tailler sa route, seule et sans rien. Son objectif est Cardiff, où habite sa sœur. Elle bifurquera pourtant vers Londres, où on lui a fait croire qu'elle trouverait un job dans la mode...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Londres victorien et ce prénom féminin auront mis la puce à l'oreille des fins connaisseurs des tueurs de série. Mary Jane propose en effet une version plausible et restaurée dans son contexte social de l'époque et du quartier londonien de Whitechapel, du court et tragique destin de Mary Jane Kelly, l'authentique dernière victime du sombre Jack l'éventreur. Comme l'explique Franck Le Gall en postface, cette histoire a connu une maturation de plus de 30 ans. Partie du destin d'une jeune anglaise tourmentée par les affres de la révolution industrielle à la fin du XIXème, son étincelle de récit a croisé l'évocation de Jack l'éventreur... et ainsi est né le scénario final, prévu pour sortir en one-shot au sein de la collection Aire Libre de Dupuis. Celui-ci a finalement été entièrement retravaillé pour s'imprégner de la sensibilité artistique de Damien Cuvillier, grand fan du travail de Le Gall, après que l'auteur de Théodore Poussin se soit trouvé dans l'impossibilité de dessiner. C'est donc chez Futuropolis que vous pouvez aujourd'hui découvrir les somptueuses planches en couleur directe de Cuvillier, une peinture sans concession de la misère dans le Londres Victorien. Le texte et les dialogues s'effacent souvent, pour laisser l'éloquence visuelle du jeune artiste dérouler les tristes dernières semaines de vie d'une jeune fille honnête, que rien ne prédestinait à devenir prostituée et éventrée.
