L'histoire :
Existe-t-il une ambassade de l’enfer au paradis ? Sur Terre, la quiétude rayonnante de la citadelle de Collioure, dans laquelle Mattéo est enfermé, en offre une version laïque plutôt convaincante. Cependant, en France, la situation n’est guère plus réjouissante : la république française n’a pas cru bon d’attendre la fin de la guerre pour reconnaître l’Espagne de Franco et le pacte germano soviétique vient d’être signé. La guerre ne va pas tarder à éclater ! Le 29 août 1939, Mattéo sort de la citadelle entre deux gendarmes. Il apprend qu’il doit être amené par ses geôliers en direction de la prison de Perpignan. Sur la route, l’un des deux gardiens lui demande de lui raconter en détail le meurtre d’Albert, son neveu. Après quelques hésitations, Mattéo s’exécute. Quelques minutes plus tard, les gendarmes s’arrêtent alors sur le bas-côté de la route pour amener leur prisonnier en balade… mais contre toute attente, ils laissent Mattéo libre ! Après de longues heures à rester caché, il se décide à rendre visite à son ami Paulin pour rester à l’abri pendant quelque temps. Lors de cette période de clandestinité, Mattéo en profite pour rendre visite à son amie Juliette. Cette dernière lui annonce que son fils Louis est emprisonné dans un monastère du côté de Sedan. Après plusieurs jours de réflexion, Mattéo se décide alors à partir à la recherche de Louis pour essayer de le ramener. Mais la guerre bat son plein en France…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On prend les mêmes et on recommence ! Avec ce sixième tome de Mattéo, qui couvre la période du 2 septembre 1939 au 3 juin 1940, Jean-Pierre Gibrat signe l’achèvement de sa grande saga historique. Cette fois-ci, la seconde guerre mondiale vient d’éclater et il règne la plus totale confusion en France suite aux attaques répétées de l’armée allemande. C’est donc en pleine débâcle que Mattéo part à la recherche de son fils emprisonné à Sedan pour le mettre en sécurité. Comme à son habitude, Gibrat met en place un récit prenant ponctué par des références historiques détaillées (la débâcle française, l’exode, les plages de Dunkerque…). On suit donc la « petite » histoire de Mattéo dans la grande Histoire, avec en toile de fond une narration bien ficelée qui laisse la part-belle à l’aventure, mais aussi à des aspects plus introspectifs, notamment en ce qui concerne les convictions ou la place du père. Sur le plan graphique, Gibrat délivre de superbes aquarelles aux couleurs chaleureuses qui donnent beaucoup de relief à l’ensemble. Ce parti pris artistique colle parfaitement aux ambiances qui ponctuent ce scénario racé. En définitive, Gibrat signe avec ce 6ème et dernier tome de Mattéo une série haute en couleur, en forme de traversée épique et mouvementée de la drôle de guerre. Cet épilogue est à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre.