L'histoire :
Gohar rêve qu’il se noie, emporté par la crue du Nil submergeant jusqu’aux Pyramides. De fait, c’est aujourd’hui jour de grand ménage dans son immeuble et on lave le dallage à grandes eaux. Désormais réveillé de mauvais pied, Gohar a mal à la tête. Les cris de femmes pleurant sans doute un mari, un frère, un ami (?), l’agressent. Un voisin est décédé. Insoutenable ! Gohar sort donc de chez lui. Arrivant dans la rue El Azhar, la chaleur le saisit. Il est déjà midi et l’activité marchande de la large artère cairote bat son plein. Gohar fait quelques pas avant d’être pris de malaise. L’homme, d’un âge avancé, a oublié de prendre sa dose se matin. Gohar est en manque. Il lui faut trouver son ami, Yeghen. Il se met donc en chasse. Les mendiants le salue en passant, le jeune fonctionnaire – révolutionnaire dans l’âme – El Kordi l’arrête prendre un thé. Gohar est un homme connu dans le quartier. On lui donne respectueusement du « maître », du « professeur ». Gohar est en effet lettré et philosophe. Il a choisi de vivre de peu, au jour le jour. Et rien, non rien, ne laissait présager qu’il serait aujourd’hui criminel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a quinze ans paraissait dans feu le magazine (A suivre) Mendiants et orgueilleux, adaptation originale et curieuse du livre éponyme d’Albert Cossery. L’ouvrage, paru en 1955, raconte le meurtre d’une fille d’une des maisons closes du quartier mendiant du Caire et l’enquête policière qui en résulta. Le héros, un lettré d’âge mûr prénommé Gohar, a choisi de vivre de rien, dormant chichement chez lui sur des feuilles de papier journal. Ses seuls plaisirs : le hachish, ses amis et la contemplation amusée de ses contemporains agités (…). Chronique « curieuse » – au sens actif du terme – et passionnante d’un univers exotique foisonnant, le livre a changé le cours de la vie de notre auteur, Golo, qui depuis s’est installé là-bas. L’amour de l’artiste pour la capitale égyptienne et ses habitants transparaît à chaque planche. Le sage et froid Gohar, l’agaçant Yeghen, l’attachant flic El Dine attaché au droit et voulant croire à la paix ET au progrès, le jeune fonctionnaire et révolutionnaire El Kordi, etc. Que de portraits de personnages étonnants ! Heureuse et soignée réédition aux éditions Futuropolis que voilà. Le trait est bonhomme et avenant. Une lecture curieuse et tout sourire. A (re-)découvrir.