L'histoire :
Keum Suk Gendry-Kim vit depuis plusieurs années avec son mari français et leurs deux chiens sur l’île de Ganghwa, en Corée du Sud, non loin de la frontière avec la Corée du Nord. Le bruit des tirs de missiles venus du Nord rythme leur quotidien, à tel point que la plupart des habitants n’y prête plus attention. Pourtant, Keum Suk ne peut s’empêcher de redouter une escalade menant à la guerre. À chaque détonation, son chien Danggeun sursaute, terrorisé. Elle s’imagine alors cherchant refuge dans l’abri anti-bombes le plus proche, ses compagnons à ses côtés, tremblants d’effroi. Cette angoisse la pousse à s’interroger sur celui qui pourrait tout faire basculer : Kim Jong-un. Pour tenter de mieux le comprendre, elle replonge dans ses souvenirs et les événements marquants de sa propre vie, qu’elle met en parallèle avec le parcours du dirigeant nord-coréen.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Keum Suk Gendry-Kim s’attaque à un sujet épineux et parfois entouré de mystère : l'actuel dirigeant nord-coréen et la menace qu’il représente pour l’équilibre mondial. Pour dresser son portrait, l’autrice s’appuie sur un travail de recherches rigoureux, enrichi par des rencontres avec des journalistes, des personnalités publiques et des réfugiés nord-coréens. Au-delà de la figure du dictateur, elle évoque aussi ses propres angoisses face à une possible guerre ouverte entre les deux Corées, un conflit que l’on perçoit de loin en Occident, mais dont les conséquences pourraient être globales. L’ouvrage ne se limite pas à une approche purement documentaire. Quelques pages de gags mettant en scène Kim Jong-un, apportent une touche d’ironie au sein d'un récit avant tout introspectif et analytique. Le style graphique se distingue par son expressivité. Le trait est lâché, souvent spontané, bien que certaines planches bénéficient d’un travail plus détaillé. L’autrice s’affranchit des cases et de la structure traditionnelle des planches pour mieux illustrer les événements historiques, raconter des anecdotes ou faire passer des idées. Ce choix narratif, associé à une bichromie en violet et bleu clair, donne à l’ensemble une atmosphère à la fois onirique et grave.