L'histoire :
Dans le grand hall de la gare de Chicago, Max, Julien et leurs complices poussent un landau bourré d'explosifs, tentant d'être plus rapides que les agents à leur recherche. Mais l'un deux reconnait Max et c'est une fusillade qui s'enclenche. Le landau finit par dévaler les immenses escaliers et provoquer une terrible explosion. Cette action violente et radicale est le premier coup d'éclat de la bande de révolutionnaires qui a franchi la frontière en provenance du Mexique quelques semaines plus tôt. Sous l'autorité de Craven et de la charismatique Tina, les deux anciens soldats de la guerre de 14-18 ont trouvé un idéal pour agir contre l'injustice du monde, pour transformer l'élan de radicalité qui les anime. Lorsqu'ils passent la frontière, ils sont repérés par des militaires qui vont rapidement signaler cette arrivée de terroristes potentiels, dont certains visages leur sont familiers. Dans la ville attaquée, la police s'organise pour ce qui va devenir un affrontement aux dimensions troubles. Le Chicago Police Department s'enorgueillit d'être composé d'agents d'origine irlandaise, et le ton de leur chef est sans appel lorsqu'il dénonce la racaille boche, ritale et nègre à l'idéologie rouge qui s'attaque à eux. Dans une taverne aux rideaux tirés, Max fait soigner la blessure au bras qu'il a subie lors de la fusillade. A sa grande surprise, le médecin d'origine polonaise qui s'occupe de lui va évoquer un souvenir d'enfance.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Kris et Maël poursuivent leur saga historique sur les traces de révolutionnaires du début du siècle, lorsqu'après la première guerre mondiale le monde fut plongé dans un affrontement idéologique sans précédent. La poussée en Europe des partis affiliés à la révolution russe, mais aussi les mouvements qui s'en écartaient déjà et avaient une vision plus proche de l'anarchisme. La troupe qu'ils mettent en scène est portée par des motivations différentes, fondamentalement radicales ou confusément révolutionnaires selon les personnages. Le propos n'est pas de justifier leurs parcours, mais de raconter la suite d'évènements aux dimensions historiques auxquels ils vont participer. On est témoin d'une violence qui est rarement contextualisée, les éventuelles victimes civiles de l'attentat de la gare de Chicago ne semblent d'ailleurs pas exister. La dimension romantique des destins individuels est clairement mise en avant par le scénariste, dont on sait d'expérience qu'il peut aborder un très large éventail de sujets historiques et sociétaux. Ici le message social est en retrait, au profit d'une forme de fascination pour des personnages dont la vie restera entourée d'une part de mystère. Le graphisme de Maël est toujours très personnel, ses gueules sont uniques et ses couleurs soignées, l'ensemble possède un vrai caractère avec cette sorte de fragilité sous-jacente qui caractérise le dessinateur. Une saga prévue en quatre tomes, à la fois personnelle et spectaculaire.