L'histoire :
Satisfait d’avoir enfin fait l’amour à Mina – mais frustré d’un moment trop éphémère – Lauriano se prélasse un temps à la terrasse d’un café. Un moment seulement, car à Fiume « on trouve de tout sauf du temps ». La preuve en est quand un grand-père vient lui proposer un journal. Les nouvelles ne sont pas fraîches. Elles datent toutes d’avant 14 ! La raison donnée par le vieil homme est simple : il ne vend que des journaux où il n’y a pas la guerre. La raison est magnifique. C’est la seule qui vaille. L’homme s’éloigne et arrivent alors Gaetano, en uniforme, puis Natale et Cesare. Leur petite fusillade d’hier a fait parler. La guerre toujours, la guerre et ses séquelles. Lauriano souffre aussi des séquelles de la guerre. Il lui arrive souvent de croire discerner dans la foule les visages de compagnons qui y sont restés. Là dehors, justement, c’est Léone qui passe ! Lauriano se précipite à sa suite... mais peine perdue. En revanche, il tombe sur la bande à Dondina : l’affaire se réglera au couteau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un nouvel album de David B. n’est jamais un non-événement, même s’il y disserte toujours du non-être, du non-où – comme ici – du non quelque chose en somme (…). David B. est un auteur en quête : de sens, d’histoires, d’Histoire, d’un on ne sait quoi qui fait qu’il occupe une place à part dans le paysage contemporain de la bande dessinée. Les fantômes est le second tome d’un premier diptyque d’une série annoncée « de longue haleine » (sic.) Par les chemins noirs (remarquez l’article défini « les » et non l’indéfini « des ») « cherche à rendre la folie d’une époque, le bouillonnement ininterrompu d’une Europe où révolutionnaires, nationalistes, anciens combattants en rupture de ban, membres de société secrète, etc. s’épanouissent en toute liberté, ou presque », selon les propres mots de l’intéressé. Raconter les années 20 où tout semble possible après l’enfer de 14-18 puis la désillusion des années 30. Pour le moment, nous nous arrêtons sur le moment de l’éphémère République indépendante de Fiume au lendemain de la guerre. Où l’on retrouve le personnage fascinant du poète et condottiere Gabriele D’Annunzio. Autour de lui, David B. développe les portraits de personnages littéralement habités par leurs idées, leur folie. L’album ravira les fans et offre un excellent via pour qui souhaiterait s’y mettre. Car en plus des pans métaphoriques et tourmentés propres à l’univers de l’artiste, le titre bénéficie d’un cadre historique bien circonscrit. L’enquête historique offre au lecteur néophyte ses repères. Après l’Italie, David B. annonce l’Irlande, la Russie, les Etats baltes, etc. Autant de destinations qui viendront enrichir la réflexion nourrie d’une série ambitieuse…