L'histoire :
Ce jour de mai 1955, la France quitte l'Indochine, défaite. Grièvement blessé, le lieutenant Zyad est rapatrié par paquebot ; il ne survivra pas au voyage. Son jeune fils resté en Algérie, qui l'a si peu connu, reçoit en héritage un Coran dédicacé à un autre : le colonel Jean-René Martin. Entre les deux hommes, une relation d'amitié est née au fil des combats. L'officier supérieur s'est même converti à l'Islam au contact de son presque-frère. Ce Livre est le symbole de leur réunion et il sera aussi celui de son fils. Lorsque les événements d'Algérie débutent, Moktar est enrôlé contre son gré aux côtés des coloniaux. A l'issue des Accords d'Evian, il doit donc quitter l'Algérie pour la France, sous peine d'y laisser sa vie. Désormais « harki », il parvient non sans mal à retrouver le colonel Martin qui l'accueille tel un fils. Moktar a perdu en chemin sa foi mais retrouvé un père pour quelques temps. Hospitalisé pour son asthme, il rencontre d'autres jeunes de son âge à la clinique des Jours Plissés, avec lesquels il se lie d'amitié, au-delà de leurs différences...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lorsqu'au milieu des années 1950 la France perd l'Indochine, c'est la décolonisation qui se met en marche : un processus inéluctable qui trouvera son paroxysme dans ce qui fut appelé pudiquement les « événements » d'Algérie... Cinq ans après Les Années Ventoline, Farid Boudjellal reprend son personnage de Petit Polio, inspiré de sa propre histoire, pour croiser cette fois le chemin de Moktar, un drôle de Français musulman non pratiquant venu d'Algérie. Exilé de force comme des millions de nos compatriotes à la suite des Accords d'Evian, le jeune homme a plus subi son destin qu'il ne l'a choisi. Fils de légionnaire, orphelin de père trop tôt, harki à son corps défendant, traître pour beaucoup à son arrivée en métropole, résident malade à la clinique des « Jours Plissés » en compagnie de ses amis Julien, Mamadou, Mahmoud, etc. Les thèmes abordés sont nombreux mais peuvent se résumer à deux qualificatifs majoritaires : tolérance et identité. Tolérance et identité de foi, de sexualité, d'amitié, de filiation... A l'heure où les discours électoraux prêchent parfois la xénophobie, voilà une lecture citoyenne qui rassure. Si le plaisir n'est sans doute pas celui d'un best-seller du 9ème art, la qualité de la réflexion proposée touche immanquablement et interpelle. Car à l'instar de son traitement graphique aux couleurs directes, Le cousin Harki se révèle prenant et vrai. Une nouvelle sortie marquante du trop rare Farid Boudjellal, entre Histoire et Mémoire.