L'histoire :
Une jeune femme enceinte se rend à l'hôpital. Face à elle, le personnel soignant l'interroge. Comment ça, elle ne sait pas si elle a perdu les eaux ? La jeune femme répond qu'elle était dans sa douche. Après une consultation auprès d'un autre spécialiste, il est décidé que l'accouchement va être déclenché. La femme souffre, elle hurle, mais finalement, c'est la délivrance. Elle vient de donner la vie à une petite fille, qu'elle nomme Apolline. Quelques années plus tard, Apolline a grandi. Elle est à l'école primaire. Elle rejoint sa mère qui discute avec un homme. Tout près, une petite fille de son âge l'interpelle pour lui montrer comment sa robe vole au vent. Les deux filles rient et courent, jusqu'à l'un des jeux du parc, une grande toile d'araignée. Apolline sait que sa maman ne veut pas qu'elle escalade la structure car elle est encore trop petite. Mais face à l'insistance de sa nouvelle amie, elle y va quand même. Alors qu'elle est montée relativement haut, son amie la presse : les et-demis arrivent, il faut qu'elles se mettent à l'abri tout en haut, là où elles ne seront plus visibles. Apolline est terrifiée, mais elle n'a d'autre choix que d'écouter et de faire ce qu'on lui dit. En haut, son amie lui offre un précieux bracelet en plastique qui lui appartient, et lui attache au poignet. En serrant très fort et avec un double nœud. Apolline est maintenant devenue une jeune femme, qui réalise avec des amis une résidence artistique en Bretagne, dans laquelle elle chorégraphie une pièce. Ce soir-là, c'est la fête. Apolline croise la route d'Erwan, un jeune homme charmant. Elle est maintenant prête à tout pour lui plaire et être avec lui. Elle est tombée amoureuse.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pizzica Pizzica est la première bande dessinée de Solène Rebière, qui a mis plusieurs années à la concevoir. Dans un premier temps, l'autrice partage deux souvenirs de l'enfance de son héroïne Apolline, avant de la suivre au présent, en tant que jeune femme. En Bretagne dans le cadre professionnel, elle rencontre Erwan. Elle tombe immédiatement sous son charme. Immédiatement, il lui demande de l'accompagner pour une sortie en voilier tous les deux. Apolline se confie à ses amis mais n'écoute pas leurs recommandations. Ils trouvent que cela va trop vite, elle ne le connaît pas. Le lendemain, elle abandonne la résidence pour l'accompagner. De façon insidieuse, Erwan prend alors le contrôle de la vie de sa nouvelle petite amie. Elle doit se plier à ses envies, à ses désirs, à ses remarques désobligeantes, à ses coups de tête. Elle est prise au piège. Le titre de l'album n'est pas parlant au premier abord, mais il prend son sens dans la résolution de celui-ci (un dossier vient en outre compléter l'histoire pour l'expliquer). Cet album est avant tout une mise en lumière du processus de l'emprise (psychologique et physique) d'un homme sur une femme, dans leur relation amoureuse. Celle-ci est dès le départ toxique et elle s'accentue au fil des pages. Malgré les avertissements extérieurs, l'héroïne n'écoute pas, elle suit son cœur. Aura-t-elle une prise de conscience de ce qu'elle subit ? Certains passages sont difficiles à lire, notamment lorsque Erwan ne respecte pas le consentement de sa petite amie, ou qu'il la dénigre. L'autrice glisse également la thématique de la danse, vécue comme une catharsis, un moyen de se libérer, de se purger. Dans des nuances de gris, elle dessine en traditionnel des planches réalistes parfaitement maîtrisées, qui dégagent quelque chose. Une réussite pour un premier album.