L'histoire :
1924. Hitler est libéré de la prison de Landsberg, suite à l’échec de son putsch de la brasserie, un an auparavant. De son côté, son ami Ernst Hanfstaengl, dit Putzi, vit une vie un peu dissolue : marchand d’art dans le New York bohème des années 1910 et musicien à ses heures, l’homme se cherche et devient, au fil du temps, le confident et le pianiste d’Hitler. Les deux hommes se retrouvent souvent chez les Hanfstaengl sur les invitations répétées d’Hélène, la femme de Putzi qui a été impressionnée par l’éloquence d’Adolf Hitler lors d’un meeting au cirque Krone de Munich. Et même s’il sait qu’Hitler s’intéresse plus à sa femme et à son pécule qu’à lui, Putzi reste fasciné par le chef des nazis, à qui il offre de l’argent, notamment pour remettre à flot l’organe de presse du mouvement, le Völkischer Beobachter. C’est lui qui lui permet de rencontrer la famille du musicien classique Wagner. Mû par ses envies d’honneurs et de mettre en place une alliance entre l’Allemagne et les États-Unis, ses deux patries, l’homme est de tous les combats, même les plus vils. Nommé responsable de la presse étrangère du Reich en 1933, il croit à son destin. Mais jalousé par Goebbels et Göring, il n’obtient finalement que la disgrâce, avant de partir en exil pour se retrouver auprès du Président Roosevelt, qui fait de lui son principal informateur sur le Führer. Traître pour les uns, bouffon pour les autres… qui est véritablement Putzi ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ernst Hanfstaengl, dit Putzi, est un homme ambivalent sur qui les historiens se penchent encore. En effet, ce confident d’Hitler dès les années 1920, fasciné par le futur führer, a été l’un des artisans de son accession au pouvoir, notamment en lui donnant de l’argent et en lui permettant de revenir sur le devant de la scène après son putsch raté. Et même si Hitler ne lui montre pas une considération sans borne, Putzi a tout fait pour permettre à son poulain d’évoluer vers les plus hautes sphères, quitte à se perdre lui-même. Et c’est via cette lorgnette-là que Thomas Snégaroff, au fil de ses recherches historiques, a décidé de développer son récit sur l’ascension et la chute d’un homme considéré comme un traître par les uns et vulgaire bouffon pour les autres. De son côté, Louison met en planche la vie de Putzi au travers de graphismes ronds et d’une quadrichromie savamment amenée pour coller aux ambiances de l’histoire. En définitive, Thomas Snégaroff et Louison proposent une œuvre racée et richement documentée sur la vie d’un homme à la fois courtisan, faiseur de roi et même bouffon, qui rêvait d’un destin hors du commun mais qui s’est vite brûlé les ailes malgré ses tentatives pour retourner sa veste. Cette bande-dessinée permet d’y voir un peu plus clair sur l’avènement d’une période sombre de l’Histoire.