L'histoire :
A l’aube d’un séisme politique qui réunira des millions de personnes dans les rues de France, Mathieu s’effondre, lui, ce 20 avril 2002, jour de l’anniversaire des deux ans de sa fille, dans les méandres de son être le plus intime. Une hémorragie cérébrale brutale l’immerge pendant trois semaines dans un profond coma dont il gardera à son réveil l’intensité et la netteté des souvenirs. Plongé dans les abysses de l’inconscient, entre agonie et béatitude, le voyage intérieur est celui d’un rêve sans fin, à la puissance prodigieuse. De retour à la réalité, Mathieu souffre de dépression, de crises d’épilepsies féroces, et ressent le besoin vital de raconter et de comprendre cette expérience aussi grave qu’inouïe : « Je veux, je dois me souvenir ». Exploration de son histoire personnelle, originelle, le périple intime se poursuit et prend la voie d’une initiation spirituelle.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les planches sont saturées, bruyantes, l’écriture est dense, choisie, le rythme est effréné. D’épais traits noirs encadrent des dessins au lavis, sombres, cauchemardesques. Enfermement traduisant parfaitement celui d’un voyage vécu dans un corps inerte. La lecture des 42 premières pages du témoignage saisissant du coma vécu par Matthieu Blanchin, qu’il aura mis dix ans à traduire, se fait à souffle suspendu. Textes et images, les uns détaillant les sensations, les autres les exprimant par métaphores visuelles, se complètent parfaitement pour dire cette expérience inénarrable, au cœur de l’espace ténu entre la vie et la mort. Ténu pour celui qui n’y voit qu’un seuil ; immense pour celui qui s’y dédouble, se métamorphose en sphère, en poussière, traverse des territoires cosmiques, sombre dans des gouffres sans fond, lévite dans les nuages, ou se fait prendre dans un thriller infernal. Première fascination donc, celle de vivre avec l’auteur cette expérience intérieure phénoménale, puis celle de la confronter au récit de sa femme Isabelle, celui de « l’extérieur », et d’en constater les porosités comme les déformations. Observer la machine inconsciente à l’œuvre. Entre ces deux épisodes, le récit narrant le processus thérapeutique s’étire quelque peu en longueur, et s’inscrit de plus en plus intensément dans un discours spirituel, qui couvre d’une teinte mystique cette aventure hors du commun.