L'histoire :
Le 18 septembre 1938, les italiens accueillent en liesse leur « Duce », Benito Mussolini, à Trieste. Andrea Goldstein s’éloigne de la foule, dépité. Il refuse d’acclamer ce dirigeant fasciste qui a fait voter les mêmes lois antisémites que les nazis, pour la « défense de la race ». Ses parents et lui, d’origines juives, craignent le pire pour l’avenir… et ils ont raison. Le 24 septembre 1939, Andrea Goldstein est à Trieste. Il embarque sur un paquebot à destination des USA, en compagnie de sa sœur Magda. Il se souvient de son enfance insouciante parmi ses cousins. Ils se baignaient, couraient dans l’eau, bercés par le chant des cigales. Il se souvient de sa cousine Cati, de ses études de grec, des soirées en famille… A New-York, Andrea trouve un travail d’assistant de laboratoire dans un hôpital juif. Il est désormais américain et se sent chez lui. il fréquente une jeune femme, Joan, qui a fui l’Autriche. Pourtant, Andrea trimballe un profond spleen. Il n’aime pas ce qu’est devenu son pays. Il déteste avoir laissé les siens derrière lui. Il s’engage dans l’armée, pour participer à la libération de son pays. Ainsi, le 15 décembre 1944, Andrea Goldstein est de retour en Italie, par Naples, à bord du transatlantique norvégien SS Bergensfjörd…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Plus connu sous son titre anglo-saxon, Rhapsody in blue est une œuvre célèbre (surtout l’intro) de Gerschwin, pour piano et orchestre, à mi-chemin entre le classique et le jazz. L’italien Andrea Serio en francise ici le titre, pour l’adaptation du roman de Silvia Cuttin (Ci sarebbe bastato) qui s’est elle-même inspirée de l’histoire douloureuse de sa famille pour narrer la persécution des juifs en Italie pendant la seconde guerre mondiale et l’engagement de l’un d’entre eux au sein de l’US Army. Certes, le lecteur qui connait l’Histoire et qui s’en est abreuvé au cours des nombreuses lectures disponibles sur le sujet, n’apprendra pas grand-chose. Mais l’hommage est évidemment patent et le traitement réussi. Il en ressort surtout la honte nationale d’émigrés pour leur pays qui a versé dans le fascisme. La narration s’établit à plusieurs époques, sans transition : l’adolescence d’Andrea Goldstein en 1938 ; son émigration aux USA ; son engagement militaire, jusqu’au front des environs de Sassomolare (Italie). Sur le plan visuel, comme l’indique le titre, l’auteur utilise un maximum de teintes bleues – couleur de l’espoir mais aussi de la Méditerranée – à l’aide d’un style contemplatif et aérien. L’auteur semble varier les techniques : masses de gouaches, crayons gras, craies, pastels, crayonnés… pour un rendu d’une grande beauté, équilibré, lyrique, puissant et néanmoins sobre, en toutes circonstances.
