L'histoire :
A maintenant plus d’années que de cheveux blancs comptés, Samuel Rives fait l’admiration de tous. A la presse qui l’interroge, il répond qu’il ne doit son succès qu’à un labeur acharné. Son succès et les best-sellers accumulés, les interviews télé et les sollicitations multipliées, tout cela n’est que la juste récompense d’un travail sans discontinuer. C’est en tout cas ce que lui répète cette petite voix que lui seul peut entendre. Une petite voix qu’il entendit pour la première fois il y a de cela fort longtemps… A l’époque, « sa » belle époque, du haut de ses huit ans, la vie semblait en ébullition. Fils de parents comédiens, il voyageait au grès des scènes et grandissait, rapidement, en un monde d’adultes uniquement. A sa naissance, son père lui avait offert Roudoudou, « son » ours en peluche, son seul véritable ami. Contre tout bon sens, Samuel commença un soir à entendre son compagnon lui parler. D’abord un murmure, puis un son, une voix intelligible et précieuse qui le confortait. Jusqu’à l’arrivée dans la troupe de Manon et sa fille Estelle, 9 ans…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qu’est ce qu’être « adulte » en somme ? « Trouver des excuses pour fuir ses responsabilités (…), la plupart des gens préfèrent porter des masques comme tes parents quand ils montent sur scène, et oublient qui ils sont vraiment, au fond de leur cœur… ». Voilà la réponse apportée par un ours en peluche à son ami et propriétaire, un petit garçon d’à peine dix ans. Vous l’aurez compris, l’interrogation demeure en toile de fond d’un album qui, sans le développer ni jamais le nommer, tourne en partie autour du complexe de Peter Pan. Mais oubliez cette fois le pays imaginaire, ses indiens et pirates car, comme le précise le titre, l’ambiance d’ensemble est définitivement mélancolique : le lecteur en ressent un réel « Blues » à l’âme. Cette histoire d’enfance parle naturellement d’amour, car sans amour et affection, il est impossible de (bien) grandir. Le crayonné très poussé et un trait emmêlé animent un théâtre de figures semblant plus à leur aises à l’ombre qu’à la lumière. De cette mélancolie tragique n’émerge qu’une tête, une lumière : Estelle, rayonnante de vie. On lui doit en grande partie l’attachement croissant ressenti par le lecteur au fil des pages, jusqu’au final sur lequel la mise en couleur jaunie et verdâtre, propre mais résignée, laissait planer peu de mystère. Un beau néanmoins tueur d’espoir.