L'histoire :
Sous la Renaissance italienne, un paysan voyage en charrette tirée par un couple de chevaux. Dans le fatras qu’il trimballe, se trouve une toile de maître magnifique. Elle représente un portrait du Christ rédempteur et serein, bénissant son spectateur de la main droite et tenant un globe de cristal dans la main gauche. 500 ans plus tard, la toile fait partie de l’héritage qu’un riche propriétaire décédé à Bâton-Rouge (Louisiane) laisse à son fils. Parmi les nombreuses œuvres de ce collectionneur, une commissaire-priseuse refuse de le prendre dans son inventaire des œuvres de valeur. Robert Simon, un collectionneur new yorkais l’achète néanmoins en seconde main 1175 dollars. Puis il le fait restaurer par Dianne Modestini, une spécialiste du XIXème, époque supposée d’origine de la toile. Malgré la crasse, l’état très abîmé de l’œuvre et les nombreuses traces de re-peinture par-dessus, la restauratrice est cependant formelle sur sa date d’origine : elle remonte sans doute à la Renaissance… peut-être même serait-elle de la main de Léonard de Vinci. Or il n’existe qu’une vingtaine de toiles réalisées par De Vinci dans le monde. Dianne Modestini travaille longtemps dessus et rend l’œuvre présentable. La toile sera vendu en 2017 lors d’une vente aux enchères chez Christie’s 450 millions de dollars et deviendra ainsi le tableau le plus cher de tous les temps.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Salvatore Mundi est authentiquement un tableau mystère. Il représente un portrait du Christ au regard aussi énigmatique que celui de la Joconde, mais tenant un globe de cristal dans la main gauche. En 2017, il est devenu le tableau le plus cher du monde, en étant vendu aux enchères chez Christie’s (New York) 450 millions de dollars. La raison de ce coût pharamineux ? La certification de la main qui l’a peint, celle de Léonard de Vinci. Mais si l’inspiration du génie italien est évidente, son origine réelle l’est beaucoup moins. Vraisemblablement, Léonardo en aurait surtout accompagné toute ou partie de sa réalisation, peut-être confiée à l’un de ses élèves (Bernardino Luini ?). Et Mohammed Ben Salmane, qui s’en est rendu propriétaire, se serait fait partiellement enfler par l’emballement des experts. D’où peut-être la persistance de l’invisibilité actuelle de la toile, depuis son achat par le prince héritier d’Arabie Saoudite. On l’annoncerait depuis des mois au Louvre Abou Dabi ou dans le futur musée en construction dans la région d’AlUla. En tout cas, ce mystère a emballé Antoine Vitkine, réalisateur d’un documentaire TV sur le sujet et Sébastien Borgeaud, journaliste spécialisé dans les escroqueries et les paradis fiscaux. Leur méconnaissance d’une narration séquentielle accrocheuse nuit sévèrement à l’intérêt qu’on porte au récit, qui est néanmoins dessiné avec talent et force détails réalistes par Eric Liberge. Dans les décors variés de grandes villes, de palais, de musées, d’arrière-salles ou même dans la Statue de la Liberté ou au fond de l’eau, la vente aux enchères se répète, les experts tergiversent, les puissants se perdent en conjectures, en manipulations et en chantages. Le récit insiste ainsi sur l’interconnexion des milieux économiques, politiques et artistiques et sur les spéculations et leviers dont sont capables les puissants collectionneurs à partir d’une toile dont l’authenticité est douteuse. Sur le plan épique, « La folle histoire du tableau le plus cher du monde » reste cependant aussi plate que la surface de ladite œuvre.
