L'histoire :
Devant une boutique de luxe parisienne, un bus déverse une horde de mamies toutes droit sorties de leur maison de retraite. Tandis que les « seniors » accaparent les vendeuses de leurs remarques et questions saoulantes, deux autres dissimulent leurs visages sous des châles et passent dans l’arrière-boutique pour y dévaliser, au sens premier, des produits de luxe. Elles assènent un coup de taser au magasinier et repartent par les couloirs de derrière avec des sacs pleins de montres, bijoux, sacs à mains… Quelques heures plus tard, l’inspectrice Camille Courtois est appelée pour l’interrogatoire au sein de l’Ehpad concerné. Elle s’y rend en retard, car elle doit auparavant gérer l’approvisionnement et le bien-être de sa mère, Sonia, une forte tête atteinte de sclérose en plaque. En déambulateur, Sonia demeure encore à domicile et elle est particulièrement désagréable et ingrate avec sa fille policière. Evidemment, interroger des personnes séniles et atteintes d’Alzheimer, cela tourne au cauchemar pour les policiers au sein de l’Ehpad. Néanmoins, Camille repart avec un nom de code qu’elle connait bien et qu’elle pensait enfoui sous un passé révolu : Atalante. C’est en effet sous ce nom de code que sa mère œuvrait dans les années 60 au sein de l’OAS. Camille comprend alors que sa mère est le cerveau d’un gang de mamies braqueuses…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Seconde partie de carrière se présente comme le chaînon manquant en BD à mi-chemin entre Tatie Danielle, Ocean’s eleven et Les bijoux de la Kardashian. En effet, ici, des mamies pleines de peps se servent intelligemment de leur sénilité supposée pour commettre des braquages parfaitement cupides. Et la fille de l’une d’elles, inspectrice de police, se débat comme elle peut au milieu de cette affaire familiale et de « petit » banditisme. Le scénario de Philippe Périé est plein d’entrain, d’astuces et de bonne humeur, tout à fait de nature à reléguer les facilités et les rebondissements improbables au second plan. A travers cette histoire fort bien ficelée, entraînante et bon-enfant, qui nous tient amusés pendant plus de 120 planches, les auteurs lancent aussi un signal quant à l’évolution de notre société : avec les effets du baby-boom des années 60, la mécanique démographique aboutira en 2050, à ce que le nombre d’octogénaires triple en France. Or ce que l’on groupait hier sous le terme de « troisième âge » se divise désormais en catégories plurielles. On vit jeune de plus en plus vieux (et réciproquement). Jean-Philippe Peyraud s’éclate visiblement à mettre en scène les circonstances vaudevillesques de son style graphique dynamique, qu’il complète lui-même par une colorisation en aplats contrastés.