L'histoire :
De nos jours, il arrive un truc de dingue à Emile, divorcé, 2 enfants, agent immobilier, la quarantaine bien tassée. Alors qu’il est en train de se taper une midinette dans une maison en vente, il se fait choper par son patron. C’est à ce moment qu’un extraterrestre (qui s’était crashé auparavant dans un champ alentour) intervient pour tuer son patron, puis le reconstituer en lui remettant la tête à l’envers. Boris (c’est le nom que s’est choisi l’extraterrestre) lui propose alors de revisiter son passé, à une journée précise de sa jeunesse où sa vie a basculé. En effet, que s’est-il passé ce 21 juin 1982, un peu avant le premier concert du « Tremplin Rock » qu’Emile devait donner avec son groupe, les Pinball Razors ? A l’aide d’une petite machine ventrale, Emile se revoit donc tomber en panne de mobylette, puis de supplier des convoyeurs de fonds qui passent par cette petite route de campagne, de l’emmener jusqu’à Trégastel. Ses potes n’attendent plus que lui sur scène et ils commencent à flipper. La camionnette blindée des convoyeurs tombe alors dans un guet-apens tendu par deux motards. L’un des convoyeurs veut jouer au héros et le braquage tourne au bain de sang. Avec l’incroyable séquenceur temporel de Boris, Emile (le quadra du présent) fait un « arrêt » sur cette séquence et se déplace jusqu’au tumulte du concert, au moment précis où son double jeune monte sur scène. Tout nostalgique, il met alors ce passage au ralenti, écoutant Karine dans la foule, avec des yeux amoureux, qui lui murmure « je t’aime »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il n’y a que Charles Berberian pour réunir au sein de la même histoire : un concert rock, une histoire d’amour, un braquage musclé, une crise de la quarantaine, une rencontre avec un extraterrestre et des voyages dans le temps… et que tous ces ingrédients tiennent en une intrigue cohérente, bidonnante et donc réjouissante ! La suite et la fin du diptyque a en effet l’immense mérite de nous emmener où on ne s’attend pas, et de finalement retomber sur ses pattes, avec un happy end. Le vrai tour de force est de parvenir à nous faire accepter un scénario complètement rocambolesque, en faisant un détour culotté par la série B de science-fiction et une fine lecture sociologique de fond. Entre temps, Berberian aura donc aussi partagé son amour pour le rock (il est musicien aux côtés de Jean-Claude Denis, dans le groupe Nightbuzz) et animé des personnages savoureux et bien dans notre époque. Christophe Gaultier prend un plaisir non dissimulé à mettre cette histoire en images et en noir et blanc, sur quelques 130 pages. Sa griffe moderne et spontané se marie plutôt bien au parti-pris de la technique graphique, qui ressemble à un crayonné sur-contrasté. La vitalité qui en émane étaye cette belle histoire, néanmoins complètement loufoque…
