L'histoire :
Enfermée dans sa chambre de l’hôtel Grand Tetras (Saint-Véran, dans le Haut Queyras), Anna Laurens dévore les écrits laissés (baptisés « Life ») par Dover Winston Smith dans une malle cabine. Elle découvre son parcours scolaire à Land Priors, la relation particulière, ses premiers éveils amoureux pour Mrs Wilkinson… Elle tombe aussi sur des clichés d’Humphrey Bogart et de Katherine Hepburn, une photo d’elle et de sa mère Alice Laurens sur la Promenade des Anglais, sans trop savoir quel lien elle peut avoir avec Smith. Anna n’a pas encore fini de lire la biographie de Smith. Elle doit repartir pour Nice, mais la neige tombée (en ce début juillet) l’empêche de prendre le train. Elle se résigne à poursuivre la lecture des notes de Smith. Il a 13 ans et vient de réussir brillamment son examen d’entrée au prestigieux Collège d’Eton. En tant que première année, il découvre les joies du bizutage de Bismarck, dernière année dont il est le domestique attitré, et toutes sortes de brutalités. Ses pensées sont noires. Il est plongé dans un profond découragement et une insondable solitude. Heureusement, il a sympathisé avec Mynors et Runciman qui lui présentent un autre élève, Blair…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Mais qui était au juste Winston Smith ? L’exploration de la personnalité de cet étrange personnage mort dans l’anonymat le plus complet continue. Après un premier album qui posait les fondations de cette biographie avec sa scolarité à Land Priors, ce deuxième album se focalise sur la période Eton de l’homme. Il se retrouve plongé au cœur de l’intelligentsia britannique entouré d’élèves brillants et de professeurs (Aldous Huxley, l’auteur du Meilleur des Mondes, en tête). Il découvre le revers de cette médaille avec les codes stricts et les brimades des dernières années. L’adolescence de Winston, c’est aussi le sentiment amoureux avec Mrs Wilkinson qui éclate sur fond de Guerre de 14 qui élimine les forces vives… La narration de Christian Perrissin s’exprime via une voix off tapée à la machine, rythmée par des dialogues entre les personnages. L’ensemble est dense, mais une fois plongé dans le récit, le plaisir de lecture est intense. Le dessin de Guillaume Martinez, de facture plutôt classique, épouse à merveille Une vie. L’histoire de Winston est teintée de couleurs sépia bienvenues. Les respirations contemporaines mettant en scène Anna Laurens bénéficient d’un graphisme modernisé et de couleurs plus chaudes, comme pour créer une rupture graphique. La vie de Smith est palpitante, le prochain tome intitulé A chinese year nous emmènera en pleine tourmente révolutionnaire dans l’Empire du Milieu…