L'histoire :
Janvier 1992. Winston Smith quitte Eton, son diplôme en poche. Le jeune homme n’a aucune idée où aller. Sa mère est morte au printemps dernier et Adam Wilkinson ne veut plus jamais entendre parler de lui. Sans son soutien matériel, il ne peut poursuivre ses études. Il se décide alors à écrire au Comte Ashwood qui lui avait proposé de venir le voir quand l’envie de conquérir le monde le démangerait. Le vieux hibou lui renvoie une lettre de recommandation accompagnée d’une adresse, celle de la British-American Tobacco Co. Après un entretien, Winston est embauché avec la perspective d’un poste en Orient, à sa majorité. Affecté à une manufacture de Liverpool, il apprend la fabrication et l’art de les vendre. Le jour de ses 21 ans, il envoie sa candidature pour un poste au-delà de Usez. Début 1925, il est convoqué au siège où un billet sans retour pour la Chine l’attend. Shanghai fascine le jeune Winston : c’est une ville libre peuplée de marchands et d’aventuriers où les tensions anti-impérialistes sont vives. Là-bas, il se lie d’amitié avec un employé de la compagnie, un certain Archibald Pepper, fêtard de première, qui l’embarque dans les folles nuits du Paris de l’Orient. Là-bas, il retrouve aussi son ami Aldous Huxley, qui fait escale alors qu’il entreprend un tour du monde avec sa femme.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce troisième opus évoque la période chinoise de Winston, qui découvre Shanghai, les plaines centrales de l’Empire du Milieu (Hankow et Chiyan Chi) et la Birmanie. Il y découvre des terres intrigantes fourmillant d’aventuriers en tous genres, des pays déroutants où les occidentaux ont la mainmise sur l’économie locale, mais la colère gronde. C’est l’occasion pour Winston Smith de revoir Aldous Huxley, qui ne comprend pas qu’un homme aussi talentueux que lui se soit embarqué dans le commerce du tabac pour une grande compagnie. C’est l’occasion pour lui de retrouver son ami Éric Blair (Georges Orwell) qui a mal tourné en devenant un être méprisant. Ces deux évènements vont marquer à jamais Winston Smith, qui va prendre un nouveau virage en rentrant en Europe. Mais cette histoire sera contée dans le tome 4. Christian Perrissin développe un récit prenant avec un suspense habile, dans des terres où l’Histoire fait son œuvre, chamboulant l’existence des hommes. Le personnage de Winston Smith se façonne avec cette perte des idéaux, rapatriés à la triste réalité du moment. Le talentueux Guillaume Martinez est une nouvelle fois là pour montrer l’étendue de son talent. Son trait, pas aussi classique qu’il n’y paraît, restitue parfaitement l’ambiance de l’époque où se trouve embarqué Smith. Tant et si bien, qu’on se laisse happé par le feu de l’action et le parfum colonial de cette période chinoise. Ses teintes sépia tirant aux frontières du rouge, du vert et du bleu donnent le ton. L’aventure est là, juste devant. La prochaine étape du périple smithien s’intitule « Spanish Circus » et se déroulera sur le font d’Aragon. Nul doute qu’elle sera tout aussi envoûtante que cette « chinese year »…
