L'histoire :
Monplaisir est un vaste complexe de loisirs, le dernier endroit de la galaxie où il est encore possible d’assouvir tous ses fantasmes et d’oublier ses frustrations, durant 2 semaines par an. Mais une telle débauche ne va pas sans certains excès… Les forces de l’ordre veillent donc à ce que le séjour de chaque client soit un véritable enchantement. Ainsi, Zach, un jeune fermier plutôt musclé, intègre t-il l’académie de police de Monplaisir, afin de devenir un Urban Interceptor. A.L.I.C .E, le système de gestion de l’information, supervise certes l’ensemble du complexe et veille sur la sécurité courante des 18 millions de visiteurs quotidiens. Mais l’IA ne gère pas les investigations criminelles qui demeurent – encore – la prérogative des humains. Toutefois, elle assure la promotion des enquêtes, dont la retransmission en direct – auxquelles nul ne peut se soustraire – constitue un spectacle particulièrement prisé par les visiteurs de Monplaisir. D’importants paris sont même organisés sur leurs circonstances. Mais, cette fois ci, Zach ne sera pas Urban Interceptor : c’est dans les bras d’Ishrat, une ex-femme Pub devenue liftière, qu’il regardera celui qui l’a supplanté se faire tuer par un certain Antiochius Ebrahimi. Ce que Zach ignore, c’est que derrière cette façade de plaisir, de futilité et de jeu, Monplaisir cache une réalité plus sordide, dont le meurtre d’un policier venu de Ganymède constitue le dernier élément en date…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Luc Brunschwig connait une année particulièrement faste puisqu’après les 2 suites du Pouvoir des Innocents, voici qu’il reprend un album déjà édité en 1999. Publié alors chez les Humanoïdes Associés, sous le titre Urban Game, l’album était dessiné par Jean-Christophe Raufflet. Désormais chez Futuropolis, Brunschwig refonde – a priori – l’album en profondeur et s’associe pour la circonstance à Roberto Ricci. Au delà de l’histoire de Zach dans les méandres de Monplaisir, Brunschwig aborde, l’air de rien, une multitude de sujets sociétaux… Ce qui est intéressant dans ce nouvel album, ce n’est pas tant les thématiques traitées – qui l’ont déjà toutes été maintes fois aussi bien au cinéma, en littérature ou en BD – mais la manière dont elles sont agencées pour constituer une histoire. Sur la base de ce premier album, celle-ci semble cohérente, avec cependant quelques interrogations ! L’abrutissement des masses au travail ou durant leurs temps de loisir, la solitude au sein de la foule, la misère au milieu de l’opulence, le voyeurisme de la téléréalité, la Big-Brotherisation (!) de la société… tout y passe ! Une vraie liste à la Prévert… et c’est ce qui fait l’attrait de cet album et en rend la lecture enrichissante. Le meilleur des scénarii ne serait cependant rien sans un dessinateur qui sait en exploiter les qualités. Sur Urban, Roberto Ricci sait donner toute la mesure de son talent. Le trait est serein, sûr, et l’univers graphique mis en page offre une réelle épaisseur. Tout juste est-il possible de regretter le manque de lisibilité des séquences de téléréalité – ô combien importantes – mais ce n’est qu’un détail qui devrait-être vite réglé. Le duo Brunschwig-Ricci fonctionne à merveille. Espérons qu’il saura nous offrir de prochains albums dans la même veine que celui-ci.