L'histoire :
En juillet 1870, alors que les soldats partent à la guerre contre la Prusse, sous les vivats de la foule, le jeune Arthur Rimbaud, qui n’a pas encore 16 ans, s’ennuie. Il vient de lire Fêtes Galantes, de Verlaine et son poème Clair de lune l’a ébranlé. Il veut sortir, se balader, mais sa mère l’empêche, son frère et elle. Leur relation est détestable, elle ne lui fait pas confiance. L’esprit de liberté et de révolte que lui a insufflé son professeur est loin de plaire à la veuve du capitaine Rimbaud. Un soir, alors qu’il lit A la promenade de Verlaine, son frère aîné, Frédéric, part pour s’engager dans l’armée. Arthur va, lui, tenter une première fugue, en août. Il part sur les chemins, dort à la belle étoile et dans des granges abandonnées. De Charleroi, il prend le train pour Paris, mais il est arrêté par la police et renvoyé à Charleville. Il est accueilli par son professeur de rhétorique et mentor en écriture, Georges Izambard.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Voleur de feu est une biographie romancée, dans le sens où la vie du poète est pleine de trous, que Damien Cuvilier s’amuse à remplir. Dans ce tome, on suit la rébellion de Rimbaud, les premiers contacts avec des écrivains dont Paul Demeny, qui publiera ses Cahiers de Douai, avec la vraie vie aussi, la guerre, la politique… C’est en mai 1871 et à ce même Paul Demeny qu’il écrira sa fameuse lettre du voyant, un essai sur la figure du poète dans laquelle Rimbaud compare le poète à un « voleur de feu », comparaison qui donne son titre à la série. Cuvilier prête à Rimbaud une série d’aventures homosexuelles qui préfigurent son amour connu avec Verlaine et sa relation, moins connue, avec un autre poète, Germain Nouveau. C’est cohérent avec les inclinaisons du poète, et aussi avec son caractère aventureux et passionné. La narration est extrêmement fluide grâce à une belle économie de mots. C’est le pari qu’avait fait Luigi Critone pour sa merveilleuse adaptation de Je, François Villon, un peu paradoxal, de laisser l’image parler à la place d’un des plus grands génies littéraires de l’histoire de l’humanité. Ça fonctionne, notamment grâce à un dessin hyper réaliste aux couleurs pastels, un peu passées, tout en retenue et en poésie… La série est excellente, belle et agréable à suivre. Les textes sont bien choisis et souvent, ce sont les poèmes qui servent de récitatif. On en redemande !
