L'histoire :
Borgnol, l’ours polaire, a faim. Et quand Borgnol, la terreur, a faim, il ne fait pas bon traîner sur la banquise. Car le bougre est souvent de méchante humeur : monsieur Phoque et madame Pingouin feraient bien de se faire oublier pour ne pas risquer de remplir son immense gosier. Mais Borgnol a vraiment très faim et le phoque qu’il aperçoit ne semble pas connaître la démesure de son appétit, lorsqu’un peu tard il décide de prendre ses pattes à son cou. Borgnol n’est cependant pas en veine, car l’animal s’échappe en plongeant sous la glace. Peu lui importe néanmoins : quand l’ours a faim, il sait être persévérant. Si patient à attendre que le phoque remonte à la surface, qu’il s’endort les paluches dans l’eau, se retrouvant ainsi au petit matin complètement prisonnier de la glace. Il y a bien cet oiseau moqueur qui lui propose son aide, mais la compensation est inimaginable, même pour un ours coincé. Pensez ! Il devrait, en échange, promettre de ne plus jamais dévorer les copains du piaf... Et pourtant, Borgnol finit par céder : adieu phoques, lapins mouettes, loutres, morses, orignaux… L’ours, malgré lui, est condamné à être gentil : contraint de devenir un bon copain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Borgnol est grincheux. Borgnol est poilu et tout blanc. Borgnol est un gros ours costaud et gourmand. Un insatiable mangeur qui, pour sortir ses pattes griffues d’une maladresse glacée, en commet une autre tout aussi stupide : le plantigrade polaire se condamne à une interminable faim, en acceptant de ne plus choisir pour repas phoques, lapins, mouettes, pingouins et autres friandises de la banquise. Et si son estomac doit se résoudre au régime, c’est son cœur qui, en échange, prend du galon. Car cette terreur du pôle nord est une incroyable bonne pâte qui ne fera pas tellement d’efforts pour devenir le grand frère, la maman ou le protecteur attitré de ses anciens menus, au risque même de devenir la risée de ses congénères. Utilisant la bonhommie pataude, grincheuse et sécurisante du gros nounours, si fortement ancrée dans l’imaginaire enfantin, les sœurs Dupré la Tour ouvrent cette nouvelle série à destination des plus jeunes avec beaucoup d’énergie. Glissades et autres dégringolades sont dignes des meilleures maladresses de clowns. Le chouya pipi-caca et le trait explosivo-expressif parfaitement lisible impriment un « courir de rire » dont raffolent les plus petits. En outre, le récit distille son lot de bonnes valeurs qui, de l’amitié, la solidarité, à la contestation du proverbe étalant que « la raison de plus fort est toujours la meilleure », font le minimum éducatif requis. Un ouvrage drôle et rafraichissant, donnant naissance à un personnage bien sympathique et immédiatement attachant. A suivre…
